A Libreville, au Palais Rénovation, depuis qu’il a officiellement pris le pouvoir, les tête-à-tête avec des officiels américains ou chinois s’enchainent. La plus récente, sa rencontre à huis clos, pendant près de trois heures, avec le secrétaire d’État adjoint, Kurt Michael Campbell, le mercredi 17 juillet 2024, à la présidence de la République. Si officiellement, il était question pour le président de la transition et le diplomate américain, d’échanger sur la transition et des questions économiques entre le Libreville et Washington, il a surtout été sujet, pour le responsable américain de persuader le président gabonais de rejeter les propositions chinoises d’établir une présence militaire sur la côte atlantique. « Le secrétaire d’Etat américain, a reçu la société civile, à l’ambassade des Etats-Unis au Gabon, s’il a échangé avec nous sur des questions concernant la transition ou la protection de l’environnement, personne n’est dupe. Nous savons que ce qui explique en premier la présence du diplomate américain à Libreville, c’est contraindre Oligui de refuser l’installation d’une base navale chinoise au Gabon », nous a glissé un acteur de la société civile qui a échangé avec le diplomate américain.
Côté chinois, même si le coup d’Etat a porté un coup d’arrêt au projet de l’installation au Gabon de la marine de l’Armée populaire de libération, Pékin est restée offensive. Au lendemain du renversement du régime d’Ali Bongo, alors que plusieurs puissances avaient condamné le coup d’Etat et conditionné leur coopération avec la junte, la Chine fidèle à son principe de non-ingérence dans les affaires internes d’un pays, n’avait pas interrompu ses relations économiques avec le Gabon. Bien au contraire. « Entre le Gabon et la Chine, il existe une très bonne relation. Si le Gabon traverse une transition politique, il n’existe pas pour autant de transition entre le Gabon et la Chine », avait déclaré l’ancien ambassadeur de Chine au Gabon, Li Jinjin, à sa sortie d’audience avec le nouvel homme fort du pays.
En marge de la participation du Gabon au Forum de la coopération Chine-Afrique qui se tiendra du 4 au 6 septembre prochain, BCON sera l’hôte de son homologue Xi Jinping, et, sans doute la question sera évoquée entre les deux dirigeants. Face aux deux grandes puissances que sont les Etats-Unis et la Chine, le temps semble pour le moment le seul allié du dirigeant gabonais, nous a expliqué un diplomate.
BCON en prenant le pouvoir le 30 août dernier, n’a pas seulement hérité d’un pays exsangue sur le plan économique, politique et social, mais également sur le plan diplomatique. Dos au mur, il doit désormais aussi résoudre la problématique de l’installation d’une base navale chinoise au Gabon, suite à la promesse faite par son prédécesseur aux Chinois. Peut-être, attendra-t-il la fin de la transition, en attendant d’être élu président de la République, pour afin se prononcer. Dans tous les cas, il devra prendre une décision qui pèsera dans le rapport de force entre les Occidentaux et les Chinois sur la façade atlantique et qui ne sera pas sans conséquence pour le Gabon.
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