Si les Gabonais gardent en mémoire la scène ubuesque diffusée au journal de 20h à Gabon 1ère en 2018, au cours de laquelle Fernand Mamfoumbi se roulait au sol devant des centaines de partisans du Parti Démocratique Gabonais à Ndendé, l’opinion publique a surtout été scandalisée par les affaires de corruption dans lesquelles l’homme d’affaires et Ministre de la République a été cité, sans être véritablement inquiété par la Justice.
Ces dix dernières années, deux scandales d’État ont particulièrement marqué l’opinion : il s’agit de l’affaire Santulo-Etat gabonais et de l’affaire Marck.
Les résultats de l’enquête sur l’affaire Santulo dans le cadre de l’opération anti-corruption Mamba lancée en 2017, à maintes reprises, mis les enquêteurs sur la piste de plusieurs hauts cadres de la République dont Fernand Mamfoumbi. Alors directeur général du Budget, les enquêteurs le soupçonnaient d’avoir perçu des rétro-comissions à travers la surfacturation ou le paiement de chantier non-achevé par le groupe Santullo-Sericom (société de l’homme d’affaires décédé, Guido Santullo) pour le compte de l’État.
En effet, en avril 2013, lors de la construction de l’École de formation d’officiers d’active à Mandilou dans la Ngounié, évaluée à un coût total de 27 milliards de francs CFA – le montant des travaux alors déjà réalisés était de 7,9 milliards de francs CFA – Fernand Manfoumbi aurait autorisé le Trésor Public à payer à l’entreprise Santullo-Sericom, 8,75 milliards de francs CFA alors que les travaux étaient inachevés selon un rapport de sa direction qui marquait plusieurs incohérences : manque de PV de réception, absence de quittance, et absence de PJ originale de la convention entre l’État et l’entreprise Santullo-Sericom.
Autres indices de soupçons, cette fois-ci au sujet de la réfection du pont de Kango à l’époque, alors qu’il était Coordinateur du Bureau du Plan stratégique Gabon Emergent, Fernand Mamfoumbi était dans le viseur du Parquet de Libreville toujours dans le cadre de l’opération anti-corruption Mamba. Les enquêteurs qui s’intéressaient à 23 milliards de francs CFA perçus par Santullo-Sericom pour la réhabilitation de 400 mètres du Pont de Kango, auraient soupçonné Fernand Mamfoumbi d’avoir perçu des rétro-commissions en surfacturant l’entreprise de Guido Santullo adjucataire du marché de gré à gré. Si des hauts cadres de la République à l’exemple de Magloire Ngambia ont été condamnés pour corruption dans l’affaire Santulo-Etat gabonais, Fernand Mamfoubi n’a jamais vraiment été inquiété par la Justice. Fernand Mamfoumbi serait-il victime d’une cabale politico-judiciaire de la part de ses adversaires ou jouirait-il d’une impunité qui le place au-dessus de la loi ?
Pour la Justice française, l’ancien collaborateur d’Ali Bongo Ondimba et proche de l’ancien directeur de cabinet de la présidence de la République Maixent Accrombessi Nkani ne serait pas au-dessus de tout soupçon.
En 2006, Fernand Mamfoumbi aurait perçu 13 millions de francs CFA, perçus de Maixent Accrombessi de la part du groupe Marck, fabricant de vêtements militaires, et appartenant à l’homme d’affaires corse Toni Michel. L’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo aurait été rémunéré pour ses services en qualité de consultant du fabricant de vêtements militaires pour le compte de l’État gabonais.
Nommé au poste de Directeur général du Budget en octobre 2010, l’ancien chargé d’études du Commissaire général au Plan avait été limogé à la veille de Noël et confirmé à la tête du Bureau de Coordination du Plan Stratégique Gabon Emergent. Une nomination qui avaient réjoui plusieurs membres du gouvernement de l’époque qui reprochaient à ce dernier de surpasser ses fonctions et qui n’avait de compte à rendre que directement à la présidence. Ses relations avec sa supérieure directe, Rose-Christiane Ossouka Raponda, alors ministre du Budget de l’époque étaient plutôt exécrables. Nommé responsable du Ministère du Commerce des Petites et Moyennes entreprises dans le gouvernement de Rose-Christiane Ossouka Raponda, Fernand Mamfoumbi s’affranchira-t-il à nouveau de sa tutelle pour rendre directement des comptes à la présidence de la République ?