Le parti Réappropriation du Gabon, de son Indépendance, pour sa Reconstruction (Réagir) traverse une crise sans précédent, marquée par des dissensions internes sur le référendum constitutionnel et des querelles de leadership. Jean Valentin Leyama, secrétaire exécutif du parti, s’est exprimé avec fermeté pour dénoncer les irrégularités et les violations des statuts du parti.
Le positionnement du parti sur le récent référendum constitutionnel a mis en lumière des divisions profondes. Alors que la ligne officielle soutenait le « Non », une faction dirigée par François Ndong Obiang a fait campagne pour le « Oui ». Cette décision a fragilisé la cohésion du parti, a reconnu Leyama : « Le Parti a été sérieusement ébranlé par le référendum. Plusieurs membres ont milité pour le Oui, contre la position officielle du Parti. Plusieurs responsables ont été nommés dans les Commissions de campagne du Oui, ont accepté et fait campagne. »
Selon le secrétaire exécutif, cette divergence constitue une atteinte grave à la discipline collective du parti et à sa crédibilité politique. « On examinera ces situations au cas par cas. » promet-il en faisant allusion aux militants qui ont soutenu le Oui, en dépit des directives du bureau exécutif.
Nomination controversée de Persis Lionel Essono Ondo
Au-delà du référendum, une autre polémique a secoué le parti : la nomination unilatérale de Persis Lionel Essono Ondo comme président intérimaire par François Ndong Obiang. Leyama conteste la légitimité de cette décision, affirmant qu’elle va à l’encontre des statuts de Réagir :
« Les décisions de Réagir doivent être signées par deux personnes : le président et le secrétaire exécutif. Ce que nous contestons aujourd’hui, c’est le fait que François ait nommé un président par intérim. C’est une décision unilatérale. », affirme Leyama.
Leyama accuse également Ndong Obiang d’avoir utilisé un faux cachet et des documents falsifiés pour officialiser cette décision, ce qu’il considère comme une violation grave des principes de gouvernance interne.
Il rappelle par ailleurs que Ndong Obiang, actuellement vice-président de l’Assemblée nationale, est en congé du bureau exécutif et n’a donc plus qualité pour prendre des décisions engageant le parti : « Tant qu’il demeure en fonction à l’Assemblée nationale, Ndong Obiang ne peut engager le Parti. Sinon, c’est de l’usurpation. », tout en l’invitant à s’inspirer du cas de l’Union nationale : « Je ne pense pas que madame Paulette Missambo, qui a passé le flambeau à madame Taty Koumba après sa nomination en tant que présidente du Sénat, continue encore à prendre des décisions avec le cachet et le papier en-tête de l’Union nationale. »
La plainte de Persis Essono, un acte contesté
« La plainte de Persis Essono ? C’est l’hôpital qui se moque de la charité. C’est Guy Roger Aurat et moi-même qui avons nommé ce type au poste de vice-président du Parti. », s’insurge Leyama, avant de s’interroger : « Oui, qui de celui qui est chez lui et celui qui fait du bruit à l’extérieur doit cesser le trouble ? »
Alors que Persis Essono justifie également sa plainte par l’impossibilité pour lui et plusieurs de ses collaborateurs de ne pas avoir accès à leur bureau au siège du parti, Leyama ironise : « François a cédé son Bureau de Président à son successeur. Quant à Persis Essono, il réside en Côte d’Ivoire, vient au Gabon tous les 6 mois pour ses affaires pendant 3 jours. Quand il met pied au siège, c’est au hall, debout ! »
Assignation en justice : un verdict attendu
Sur l’assignation en justice dont il a fait l’objet le 28 novembre 2024 aux côtés de Jerry Pambo et Guy Roger Aurat Reteno, Leyama affirme que ses avocats ont obtenu un repport de l’audience au 4 décembre. « La Justice tranchera. »