Lancée en deux mille neuf par le désormais président déchu Ali Bongo Ondimba, dès les premières heures de son arrivée au pouvoir, et avec pour mission de réaliser son projet de société « Gabon Emergent », onze ans plus tard, l’ANGTI s’est révélée finalement comme un gouffre financier avec un bilan largement en dessous des attentes. C’est le ministre en charge des Transports, de l’Equipement, des Infrastructures et de l’Habitat de l’époque, Léon Armel Bounda Balonzi, qui présentant en conseil des ministres du 2 octobre 2020, le projet de décret portant suppression de l’ANGTI. Un acte de décès sans aucun bilan ni audit que la société civile va d’ailleurs décrier en exigeant des comptes, sans succès.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’histoire ne risque-t-elle pas de se répéter avec la création du Haut-Commissariat pour le Pilotage des projets d’Infrastructures ?
Selon le ministre des Travaux publics, le Général Flavien Nzengui Nzoundou, ce Haut-Commissariat aura pour mission de coordonner et de faciliter la mise en œuvre des projets d’infrastructures initiés par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI).
Conformément à la loi n°20/2005 du 03 janvier 2006 pour sa création, le Haut-Commissariat pour le Pilotage des projets d’Infrastructures fonctionnera comme un service public chargé d’une mission temporaire. Sa mission principale sera de coordonner et faciliter l’action administrative des ministères techniques impliqués, d’assurer la médiation avec toutes les parties prenantes, de collecter et traiter des informations techniques, et d’assister le président de la Transition, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema dans la prise de décision. En outre, le Haut-Commissariat effectuera des visites de terrain si nécessaire et rendra compte régulièrement au Palais Rénovation. Il sera composé d’un Cabinet et d’une Cellule Technique Permanente.
Quid donc des directions de la stratégie des Travaux publics, des Infrastructures, du Bâtiment et des Equipements collectifs, et de celui de l’Assainissement ? L’Etat gabonais va-t-il désormais compter deux administrations des Travaux publics, celle chargée de réaliser les missions du CTRI et une autre en charge des missions du gouvernement de la Transition ?
Pourquoi lancer une agence des Travaux publics dédiée spécialement au CTRI alors que jusqu’à maintenant depuis le départ d’Ali Bongo, plusieurs projets d’infrastructures ont été réalisés avec succès en moins de huit mois au grand bonheur des populations condamnées à l’incurie du précédent régime ?
Pour rappel, lors de sa création en 2009, l’ANGTI avait fait du ministère des Travaux publics, l’un des parents pauvres des différents gouvernements des deux mandats d’Ali Bongo, sans réel budget ou fonctionnement inopérant pendant 11 ans.