En grève depuis décembre dernier avec comme cahier de charges, principalement l’adoption d’un statut de magistrat pour l’amélioration de leur condition de travail et de vie, le président du SYNAMAG, Germain Ella Nguema avait appelé le Chef de l’État, Ali Bongo Ondimba, en sa qualité de président du Conseil supérieur de la magistrature à se saisir du dossier.
Sauf qu’en 2016, c’est le même SYNAMAG dirigé par Germain Ella Nguema qui avait organisé une marche pour dénoncer une politisation de la justice et demander le départ d’Ali Bongo du poste de président du Conseil supérieur de la magistrature pour nommer placer à sa place un magistrat.
Pourquoi snober ses collègues en demandant l’intervention d’Ali Bongo en lieu et place du Secrétariat permanent du Conseil supérieur de la magistrature, dirigé par Gilbert Ngoulakia ? On ne peut pas dénoncer la politisation de la justice et souhaiter en même temps l’intervention du politique. On ne peut pas souhaiter une chose et son contraire.
Dans la foulée de l’examen du projet de loi portant statut des magistrats, le SYNAMAG a rejeté ce texte, en dénonçant un faux, avec un doigt accusateur à l’endroit du secrétaire général du gouvernement Jonas Prosper Lola Mvou.
Des accusations qui laissent songeur, sauf à penser que le président du SYNAMAG ignore désormais les rouages administratives en matière d’adoption d’un projet de loi. Le ministre soumet le projet de loi au secrétaire du gouvernement qui apporte des modifications dans la forme, sans toucher le fond, avant de soumettre à son tour le texte au Conseil d’État pour examen. Le Conseil d’État peut apporter des réajustements, sauf que le ministre n’est pas obligé d’en tenir compte.
Ensuite le secrétaire du gouvernement transmet le projet de texte au ministre qui le propose en Conseil des ministres pour adoption. A travers ce schéma, on peut comprendre que le rôle du secrétaire général est subsidiaire, voir il ne serait qu’un vaguemestre entre les différentes administrations entrant dans le processus de l’adoption d’un projet de loi.
Alors pourquoi porter plainte au secrétaire général en lieu et place du ministre la Garde des Sceaux qui est la première responsable administrative dans cette affaire ? De la mauvaise foi ? Germain Ella Nguema cherche-t-il un bouc émissaire ? Le SYNAMAG a-t-il des comptes personnels à régler à l’endroit de Jonas Prosper Lola Mvou ?
Si Germain Ella Nguema a annoncé des poursuites judiciaires à l’endroit du secrétaire général du gouvernement, la plainte sera donc déposée chez quel juge d’instruction ? Car, Germain Ella Nguema a demandé au magistrat de cesser toutes activités, notamment le service minimum qui était déjà difficilement suivi.
Voilà donc autant d’incongruités qui ternissent l’image de revendications au départ nobles mais qui tournent désormais au cirque à cause du jusqu’au boutisme d’un groupe d’individus qui prennent désormais en otage l’ensemble de la corporation au risque de provoquer une année judiciaire blanche.