Permettez-moi, de remercier d’abord, la CEA pour l’invitation qui m’a été adressée, puis saluer la qualité du travail technique, scientifique politique amorcée pour apporter une valeur réelle au carbone du Bassin du Congo dans une perceptive d’équité, de mobilisation des ressources internes et de transformation des économies par la réalisation d’un Registre carbone et le développement des marchés régionaux du carbone.
Durant ces deux jours, nous avons eu l’opportunité d’être édifiés sur le marché carbone et ses déclinaisons, entre autres, sa structuration, sa régulation, sa comptabilité, sa surveillance, sa vérification, sa certification. Les registres de crédits carbones, les typologies des marchés, les liens avec l’Accord de Paris et les ODD ( Ndlr Objectifs de Développement), la planification des crédits carbones par secteurs de développement, les marchés de services écosystémiques, la tarification carbone, l’écologie, les investisseurs, la compensation des GES, les expériences nationales de développement du marché carbone, l’accès aux financements, et de bancabiliser les projets.
Au cours des travaux, j’ai présenté une communication en ma qualité de Président Exécutif du ROSCEVAC- Agence d’exécution de la CEEAC ( Communauté économique des États de l’Afrique centrale).
Les questions ci-dessous, ont structuré mon propos en débat.
Il s’agit notamment de :
1. Le marché carbone est tout autre chose, et ce n’est même pas que ça puisque le carbone est bradé ;
2. L’absence de régulation, de libre concurrence, de choix de vendre le carbone aux plus offrants, de spéculation de l’absence du marché, ne favorise pas la durabilité ;
3. Pourquoi l’infrastructure et les standards du marché carbone ne sont-ils pas développés en s’inspirant de ceux des marchés boursiers internationaux et sur la base des indices boursiers ?
4. Pourquoi le marché carbone dans les pays de l’Afrique centrale en général, et ceux du Bassin du Congo en particulier, ne suit-il pas une architecture de marché mais plutôt une approche d’Accords de troc ne favorisant pas la transparence du marché ? (ex.: Initiative CAFI pour les forêts d’Afrique centrale) ;
5. Pourquoi, la législation communautaire (CEEAC) ou nationale (Pays) n’est pas considérée comme un préalable dans l’optique de libéraliser ce marché potentiel, plutôt encore virtuel vu que les retombées concrètes semblent encore hors d’atteinte pour les populations ?
6. Pourquoi les études sur les retombées et partage des co-bénéfices du carbone ne sont-elles pas systématiques ? (Principe 10 de Rio, notamment les populations vivant dans le périmètre, les populations tributaires des forêts, l’implication des parlementaires, et les exploitants forestiers).
Inscription des bénéfices du carbone dans les lois de finances des pays membres du Bassin du Congo.
Pour cela, j’informe les organisateurs et hauts responsables du système des Nations Unies de la disponibilité du ROSCECAC-CEEAC dont j’ai la charge, d’avancer sur toutes ces questions en partenariat et en collaboration avec leurs agences techniques spécialisées.
Pour cela, nous recommandons de :
1. De mettre à disposition les financements pour permettre la traduction et le décryptage des connaissances complexes en connaissances utiles au développement des communautés villageoises ;
2. De mettre à disposition les financements pour permettre l’appropriation et la divulgation des conclusions des différentes COP au niveau national comme international ;
3. De mettre à disposition les financements pour permettre la formation de la masse critique des experts très hautement qualifiés dans la lutte contre le changement climatique ;
4. De mettre à disposition les financements pour permettre une participation plus grande des acteurs africains, notamment ceux de la société civile à la COP27.
Aussi, Pour aller de l’avant, nous pensons que les questions débattues durant ces 2 jours étaient opportunes et nécessaires, mais elles ne sont pas suffisantes dans la mesure où le plus grand nombre de cible, a encore grand besoin d’avoir accès à l’appropriation.
Pourquoi les études sur les retombées et partage des co-bénéfices du carbone ne sont-elles pas systématiques ? (Principe 10 de Rio, notamment les populations vivant dans le périmètre, les populations tributaires des forêts, l’implication des parlementaires, et les exploitants forestiers) ?
Cela est dû au fait que :
1. Ces connaissances demeurent très élitistes, scientifiques, inaccessibles au plus grand nombre dont les communautés qui subissent les effets du changement climatique ;
2. Qu’il n’y aurait quasiment aucun relais, ni mécanisme, ni moyens financiers au niveau national pour organiser l’appropriation, la gestion des connaissances et de l’innovation a travers des dispositifs appropriés, la divulgation des connaissances, les conclusions des COP au niveau national comme international ;
3. Que la masse critique des experts qualifiés dans tous ces domaines est très loin d’être atteinte en Afrique, et particulièrement dans les six pays du Bassin du Congo.
Nicaise Moulombi
Président Exécutif Roscevac
2ème Vice-Président Conseil Économique Social et Environnemental- Gabon