Une candidature pour rompre avec le “système Bongo-PDG”
Jean Rémy Yama s’inscrit dans une dynamique de rupture avec ce qu’il qualifie de continuité du “pédégisme”, en référence au Parti Démocratique Gabonais (PDG), qu’il accuse d’avoir plongé le pays dans une crise politique et sociale profonde. Selon lui, cette influence perdure à deux niveaux : d’une part au sein de l’opposition, où d’anciens cadres du PDG jouent un rôle clé, et d’autre part dans la gestion de la Transition menée par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI).
“L’indécence se maintient et triomphe”, a-t-il lancé, critiquant une gouvernance qui, selon lui, reproduit les “tares” du passé en maintenant “le chômage, les inégalités, la misère sociale et morale, le cynisme, les détournements de fonds publics, les crimes rituels et les atteintes aux droits de l’homme”.
Face à ce constat, le PNTP a décidé de prendre part à la présidentielle afin d’offrir une alternative aux Gabonais. Le directoire du parti a ainsi désigné Jean Rémy Yama comme son candidat, considérant qu’il incarne “un homme propre pour un Gabon propre”.
Un parcours marqué par la lutte syndicale et la prison
Dans son discours, Jean Rémy Yama est revenu sur son engagement personnel, marqué par son combat syndical et ses incarcérations. Ancien président de Dynamique Unitaire, il a été emprisonné à deux reprises pour ses prises de position, en 2016 et entre 2022 et 2023. Ces expériences, loin de l’affaiblir, l’ont “profondément renforcé” dans ses convictions.
“À chaque fois que je sors de prison, je suis un homme né de nouveau, guidé par la volonté du Très-Haut pour poursuivre mon combat pour le changement profond de mon pays”, a-t-il déclaré, soulignant sa détermination à ne pas céder aux intimidations.
Un appel au financement citoyen et un avertissement au CTRI
Conscient des défis financiers d’une campagne présidentielle, Jean Rémy Yama a lancé un appel aux Gabonais pour financer sa caution et sa campagne via des souscriptions mobiles. Il a également adressé un message direct au président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, en lui rappelant son engagement pris le 4 septembre 2023 : celui de remettre le pouvoir aux civils à l’issue de la Transition.
“Faire autrement, c’est plomber le Gabon dans les ténèbres”, a averti le candidat, mettant en garde contre toute tentative de maintien au pouvoir du régime militaire actuel.
Vers une campagne de terrain
Dans les prochaines semaines, Jean Rémy Yama prévoit d’intensifier sa campagne à travers le pays afin de mobiliser les électeurs et leur présenter son programme. Il appelle à l’unité nationale face aux divisions ethniques et à un sursaut citoyen pour “faire partir les ténèbres”.
À quelques semaines du scrutin du 12 avril, sa candidature vient redistribuer les cartes dans un contexte électoral déjà tendu. Reste à voir si son message de rupture et son ancrage dans la lutte sociale suffiront à convaincre les Gabonais de lui confier la magistrature suprême.