Plus de trois mois après le coup d’Etat les interrogations se succédaient sans réponse du nouvel locataire du Palais Rénovation ou d’une communication officielle des autorités de la Transition. Surtout que selon la Charte de la Transition, le secrétaire général de la présidence de la République, les présidents du Parlement, les membres du gouvernement, le président de la Cour constitutionnelle ne sont pas éligibles à l’élection présidentielle qui sera organisée en août 2025 pour marquer la fin de la transition, excepté le président de la transition ! Charte de la Transition taillé sur mesure ? Tapis rouge déroulé en faveur de l’actuel locataire du Palais Rénovation pour se présenter à la présidentielle en 2025 ?
Le porte-parole du gouvernement de la Transition de Raymond Ndong Sima, Laurence Ndong n’y voit pas d’inconvénients à conditions qu’il est question d’une élection libre et transparente.
« Le président Oligui a fait ce qu’il fallait faire. Aujourd’hui, il est considéré par le Gabonais comme un Messi, comme un bienfaiteur. Les Gabonais commencent même à appeler à sa candidature. Donc pour nous le problème ne se pose pas pour l’instant. Pour l’instant, ce que nous voulons c’est que notre pays soit remis sur les bons rails et si l’élection est libre et transparente tous ceux qui voudront se présenter en dehors du gouvernement de transition se présenteront en étant sereins en sachant que il n’y aura pas de fraude électorale comme on a été malheureusement habitué », a-t-elle déclaré.
Avant de conclure : (…) Si les civils veulent que le Général Oligui se présente, il est encore libre, il peut refuser, il n’a pas déclaré sa candidature, il n’a jamais dit qu’il sera candidat ou pas. Donc ce n’est pas le moment de supputer là-dessus. Je pense qu’il y a mieux à faire que supputer sur la candidature du Général Oligui Nguema. »
S’il paraissait évident dès la publication de la Charte de la Transition, que nous nous éloignons d’un scénario à la façon d’Amadou Toumani Touré (sauf surprise), et qu’il devenait fort probable que le nouvel homme fort du pays pourrait se présenter à l’élection présidentielle avenir, ce qui au fond ne pose pas problème : par contre sa possible candidature suscite une autre interrogation voire une inquiétude. Imaginons qu’il se présente à la présidentielle d’août 2025 et qu’il ne soit pas élu par les Gabonais : acceptera-il de concéder sa défaite en remettant le pouvoir au candidat vainqueur ? Les militaires accepteront-ils de céder le pouvoir gagné au péril de leur vie au civil ? Le Gabon ne pourrait-il pas connaître le même sort qu’avait vécu la Côte d’Ivoire avec le Général Robert Guéï qui avait refusé de reconnaître sa défaite à la présidentielle de 2000 face à l’opposant Laurent Gbagbo, avant d’être balayé par la rue. Un an plutôt il avait renversé le président Henri Konan Bédié par un coup d’Etat militaire salué par les populations, avant de prendre la tête du Comité national de salut public de la république de Côte d’Ivoire. Surnommé « le père noël », il était populaire auprès des populations pour avoir chassé du pouvoir le dauphin de Félix Houphouët-Boigny, avait fait de la lutte contre le grand banditisme et la corruption son cheval de bataille sans imaginer qu’il serait battu aux urnes un an après par l’opposant Laurent Gbagbo.