Un tableau monétaire sous tension
Les réserves de change de la CEMAC, qui permettaient de couvrir 2,3 mois d’importations en 2016 et avaient atteint 4,6 mois en 2023, sont de nouveau en déclin depuis 2024. Cette diminution rapproche dangereusement la région du seuil critique de 3 mois d’importations, en deçà duquel la stabilité monétaire est menacée. Cette situation est d’autant plus préoccupante que les perspectives des cours des matières premières et du commerce international s’annoncent défavorables.
Les défis actuels de la monnaie CFA semblent avoir atteint un point de rupture. Face à cette crise, la CEMAC a sollicité le concours des autorités françaises, ainsi que des hauts responsables du FMI et de la Banque mondiale pour l’Afrique. L’objectif : trouver des solutions à des problèmes structurels liés à la gestion budgétaire et monétaire. Deux questions cruciales ont été abordées : faut-il dévaluer la monnaie ou adopter un régime de change flottant ?
Des recommandations fermes des partenaires internationaux
Les réponses obtenues ont été claires : il revient aux pays de la zone CEMAC de déterminer leur trajectoire. Cependant, en attendant une décision commune, des recommandations ont été formulées :
- Maîtriser les déficits budgétaires : Les États doivent cesser de financer leurs dépenses par des déficits excessifs, une pratique qui fragilise la stabilité économique.
- Réduire l’exposition des banques au risque souverain : Il a été demandé de limiter la vente d’obligations d’État et de bons du Trésor aux banques locales pour éviter de compromettre leur solidité financière.
- Rapatrier les devises issues des exportations : Les exportateurs de matières premières sont sommés de rapatrier les devises qu’ils obtiennent, un point crucial face à la rareté des devises dans la région.
- Mettre en place des fonds pour la réparation des sites miniers : Les partenaires ont insisté sur la création d’un compte séquestre pour sécuriser les ressources destinées à réparer les dommages environnementaux causés par l’exploitation minière.
- Améliorer la transparence budgétaire : Les États sont appelés à fournir des statistiques budgétaires officielles fiables pour permettre un accompagnement adapté de leurs partenaires internationaux.
Un avenir incertain
Ces recommandations mettent en évidence les lacunes structurelles auxquelles la zone CEMAC fait face. Pourtant, la question demeure : quelle voie les États choisiront-ils pour sortir de cette impasse monétaire ?
Pour l’instant, les partenaires internationaux offrent leur soutien tout en rappelant que la décision finale appartient aux États membres. La feuille de route demeure floue, mais une chose est certaine : à défaut d’une dévaluation, des réformes urgentes sont nécessaires pour préserver la stabilité économique et monétaire de la région.