Face à cette éventualité, le Réseau des Organisations de la Société Civile pour l’Économie Verte (ROSCEVAC) présidé par Nicaise Moulombi a exprimé ses vives inquiétudes dans une correspondance envoyée aux membres du Groupe d’Examen Scientifique des Etats membres de l’Union Européenne Belgique et dont nous avons eue lecture. Selon le ROSCEVAC, l’inscription de l’Okoumé à l’annexe II aurait des conséquences économiques et sociales désastreuses, en particulier pour des pays où la filière bois constitue un pilier majeur de l’économie.
Une ressource cruciale pour les économies locales
En 2023, avec 60 % du PIB (hors hydrocarbures), le secteur forestier dominé largement par l’exploitation de l’okoumé est l’un des piliers historiques de l’économie gabonaise et représente environ 17 000 emplois directs et indirects du secteur privé.
L’exploitation de l’Okoumé remonte à la fin des années 1890 et demeure aujourd’hui une activité clé pour les quatre pays concernés, notamment le Gabon. En plus de son importance économique, cette essence forestière est l’une des mieux étudiées sur le plan scientifique, avec des données précises sur sa taxonomie, son écologie, sa gestion forestière et sa dynamique de croissance. Ces connaissances, renforcées par des inventaires multi-ressources dans les concessions forestières, témoignent de la gestion durable de cette espèce.
Cependant, depuis son classement comme vulnérable dans la liste rouge de l’UICN en 1998, l’Okoumé est au centre des débats sur la durabilité de son exploitation. Le ROSCEVAC souligne que, bien qu’elle soit la plus exploitée en Afrique centrale, des mesures importantes ont été prises pour en garantir la pérennité, notamment :
L’aménagement durable des concessions forestières, généralisé dans les pays concernés ;
La promotion de la certification forestière, un gage de gestion responsable ;
L’interdiction d’exportation de grumes, qui a contribué à la transformation locale tout en occasionnant une perte de revenus pour les États ;
La conduite d’études thématiques, mettant en lumière la non-extinction de l’espèce et son importance économique d’ici 2030.
Des impacts économiques et sociaux préoccupants
Si l’Okoumé venait à être inscrit à l’annexe II de la CITES, l’économie des pays de la sous-région pourrait en être lourdement affectée. Le ROSCEVAC craint notamment :
- Une chute des exportations, impactant directement les recettes budgétaires ;
- Des pertes massives d’emplois dans la filière bois ;
- Un recul du Produit Intérieur Brut (PIB) des pays concernés ;
- Une déstabilisation sociale dans les régions où l’exploitation forestière constitue une activité économique majeure.
Un appel à une gestion concertée
Pour le ROSCEVAC, l’inscription de l’Okoumé à l’annexe II de la CITES serait perçue comme une « sanction » envers des économies déjà fragiles et peu diversifiées. L’organisation recommande de privilégier une approche plus soignée et constructive. Elle propose :
De finaliser l’évaluation en cours de l’UICN sur l’état des populations d’Okoumé ;
De discuter des conclusions de cette évaluation avec les autorités des quatre pays concernés ;
De tirer parti des études existantes pour consolider les connaissances ;
De mettre en place un vaste programme de sylviculture, financé par l’Union Européenne, pour renforcer la gestion durable de cette ressource.
En conclusion, le ROSCEVAC invite les parties à envisager des solutions équilibrées qui garantissent à la fois la conservation de l’espèce et la pérennité économique des pays d’Afrique centrale. Une telle démarche, selon le réseau, permettra de concilier les enjeux environnementaux globaux avec les réalités locales.