Au cours de la campagne, débutée le 6 novembre, le gouvernement a annoncé une enveloppe de 27 milliards de FCFA, soit un coût évalué à 2,7 milliards de FCFA par jour, si l’on s’en tient à la durée officielle de la campagne. Une partie de cette somme a été mise à la disposition des promoteurs du « Oui » via la Coordination nationale pour le vote du Oui à la Constitution, un regroupement comprenant des membres de la haute administration, des personnalités publiques, des partis politiques, des associations et des acteurs de la société civile.
Qui a reçu ces fonds ? Combien chaque bénéficiaire a-t-il perçu ? À quoi ces fonds ont-ils précisément servi ?
Le Premier ministre, en tant que président de cette Coordination, ainsi que son trésorier, Aurélien Mintsa Mi Nguema (ex-directeur général du Budget et des Finances publiques débarqué en juin dernier pour des prétendus suspicions de détournements), vont-ils rendre des comptes sur la gestion de cet argent public ? Des critiques émergent déjà, dénonçant le fait que ce dernier aurait été désigné pour gérer des fonds publics – de l’argent provenant des caisses du Trésor public – en dehors de tout cadre légal, n’étant ni ordonnateur de crédits, ni assermenté.
Un audit s’impose
Pour garantir la transparence, l’État, par le biais de la Taskforce CTRI ou, par défaut, de la Cour des comptes, doit impérativement procéder à un audit des dépenses de cette Coordination. Il est essentiel de s’assurer que l’argent du contribuable n’a pas été détourné ou utilisé à d’autres fins. Cette démarche est d’autant plus cruciale que les partisans du « Non » n’ont reçu aucune aide de l’État pour battre campagne, ce qui laisse planer un doute sérieux sur le respect du principe de neutralité de l’administration durant cette période de transition.
Alors que le président de la Transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, prône la moralisation de la gestion des deniers publics, cet exercice de transparence est non seulement républicain et démocratique, mais aussi un gage de bonne gouvernance. Ne pas s’y soumettre reviendrait à perpétuer les pratiques de mauvaise gestion décriées sous l’ancien régime – pratiques qui ont conduit au « coup de libération » apprécié par les Gabonais.
Une gouvernance équivoque
Le fait que les fonds ont été exclusivement attribués aux promoteurs du « Oui », sous la supervision du Premier ministre Raymond Ndong Sima, soulève des doutes sur l’impartialité du processus. Cela pourrait donner l’impression que les dirigeants de la Transition ont effectivement pris parti, en contradiction avec leur obligation de neutralité, venant ainsi entacher la sincérité d’un scrutin que la majorité des observateurs ont reconnu comme transparent.
Pour que cette campagne ne soit pas perçue comme une forme déguisée d’achat de conscience ou comme une continuité des pratiques douteuses du passé, il est impératif de faire toute la lumière sur l’utilisation de ces fonds. Une gouvernance exemplaire est indispensable pour restaurer durablement la confiance des Gabonais dans leurs institutions.