Monsieur le Président de l’Assemblée générale, Monsieur le Secrétaire général excellence, Mesdames et Messieurs, Monsieur le Président, je vous adresse mes chaleureuses félicitations pour votre élection à la présidence de cette 78e session ordinaire de l’Assemblée générale. Je rends hommage à votre prédécesseur Monsieur Csaba Kőrösi pour le travail accompli pendant son mandat et j’exprime la confiance de mon pays au Secrétaire général António Guterres, dans l’action audacieuse et multiforme ainsi que les importantes réformes qu’il entreprend en vue d’accélérer la réalisation des objectifs de développement durable d’une part et de promouvoir la paix et la sécurité internationale.
Monsieur le Président, je me tiens devant cet auguste assemblé dans un contexte sans précédent pour mon pays passé par la case frayeur à la suite d’un processus électoral chaotique qui a été interrompu le 30 août dernier par les Forces de Défense de Sécurité. Naturellement, cette intervention a été condamnée par la communauté internationale au nom de la violation des exigences démocratiques de dévolution du pouvoir.
Il est cependant utile pour l’équilibre de l’information et pour dissiper certaines suspicions de rappeler précisément le contexte politique gabonais qui a précédé et justifié cette prise de pouvoir. On aurait tort de notre point de vue de prononcer des sentences sans nuance et de faire des amalgames facile désaccordés des réalités de notre contexte.
Qu’il me soit donc permis en tout premier lieu de rappeler au souvenir de chacun, l’expérience de l’élection présidentielle de 2016 donc la situation actuelle est l’une des conséquences. Tout le monde s’en souvient, cette élection a fait l’objet d’un rapport circonstancié de la mission électorale de l’Union européenne, qui avait dénoncé un processus frauduleux, insincère et dépourvue de toute transparence, avec des résultats défiant les lois de la statistique. Elle a surtout été caractérisée par des violences avec de nombreuses pertes de vie humaine et d’importante dégradation de bien pour l’ensemble de la collectivité.
Pour tenter de désamorcer cette situation donc le coup social a été élevé, il a été organisé en 2017, une succession de dialogue qui s’est tout même soldé par le retour à un scrutin à deux tours. C’est cette petite concession à la démocratie qui a été de nouveau reprise au premier semestre 2023 avant même qu’elle ne soit expérimentée. Le régime n’entendait donc pas renoncé à sa stratégie de fraude. De 2017 à 2022, aucune préparation des élections prévues constitutionnellement de se tenir au plus tard le 26 août 2023 n’a été entreprise. Cette dernière a commencé en février 2023 et a concentré un nombre invraisemblable d’entorse et de distorsion faites au cadre de constitutionnelle législative réglementaire des élections y compris alors même que le processus électoral était déjà lancé. Je peux citer entre autres si vous me permettez cet inventaire non exhaustif :
- le retour aux élections à un tour ;
- le choix d’un président du Centre gabonais des élections notoirement partial, en raison de sa qualité de membre connu du parti au pouvoir ;
- l’absence de fiabilité du fichier électoral affecté par la présence nombreuse de personnes décédées ;
- la suppression des dispositions permettant la représentation de tous les candidats dans les bureaux de vote en violation flagrante du principe d’égalité ;
- la modification en violation du simple principe de la hiérarchie des normes des dispositions législatives issues de la loi disposition commune à tous les élections politiques par décret ;
- le couplage de candidature aux élections présidentielles et législatives.
On peut donc observer que toutes les saisies faites par les différents composants de l’opposition et de la société civile pour contester ces modifications ont été rejetées sans examens par une Cour constitutionnelle inféodée au pouvoir. Tout observateur, attentif, honnête et de bonne foi de la vie politique gabonaise de ces dernières années avait pleinement conscience de la dégradation de la situation. Les uns et les autres l’opposition gabonaise sont allés voir les missions diplomatiques, puis ensemble le 09 août 2023 ce soir rendu chez le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique centrale et qui réside à Libreville au Gabon, pour le prévenir du tournant que prenait le processus électoral et du danger qu’il y avait à maintenir sa conduite en l’état de ses concertations. Or, je veux le dire ici, sans ambiguïté, ni les acteurs politiques, ni les électeurs, personne n’était prêt à accepter une nouvelle forfaiture électorale.
Cette détermination connue de tous n’a pas empêché le Centre gabonais des élections d’acheminer les urnes sous son seul contrôle et sans aucune étanchéité de procéder frauduleusement à des modifications des procès-verbaux dans les lieux de centralisation des résultats distincts des lieux où les élections s’étaient tenues. La prise en compte des résultats obtenus de cette manière ne pouvait déboucher le lendemain de la proclamation que sur des affrontements.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, dans une telle logique, les Forces de Défense de Sécurité avaient le choix entre se préparer à réprimer ces protestations avec le risque tôt ou tard d’être poursuivis devant les juridictions internationales en raison de leur responsabilité ou bien alors décidé d’interrompre un processus frauduleux et dangereux pour la cohésion nationale. Elles ont choisi en toute responsabilité, la seconde voie, pour conjurer le risque d’un incendie donc l’embrasement auraient ébranlé les fondements même de la société gabonaise et n’aurait pas épargné les nombreuses populations étrangères vivant au Gabon.
Je voudrais le répéter, elles ont choisi de façon responsable, la seconde voie pour conjurer le risque d’un incendie donc l’embrasement aurait ébranlé les fondements même de la société gabonaise population Gabon et n’aurait pas épargné les nombreuses populations étrangères vivantes au Gabon. Il n’aurait pas été raisonnable ni responsable de laisser prospérer une situation confuse.
Le basculement dans un cycle de violence aurait constitué un désastre d’ensemble. En conséquence, cette intervention militaire sans infusion de sang sans aucun dégât matériel, constaté a été un moindre mal. La population l’a approuvé dans une très large mesure pas des scènes liesses spontanées que chacun a pu suivre partout dans le monde grâce aux images qui ont circulées et à la majorité de la classe politique qui s’est retrouvée soulagée d’avoir évité une issue incertaine.
Dès lors, condamné un tel processus c’est soutenir qu’il aurait mieux valu laisser les affrontements se faire et venir recenser ultérieurement le nombre de victimes, puisque personne dans l’opposition, personne n’était disposée à laisser cet énième holdup électoral s’opéré.
Monsieur le président, Mesdames et Messieurs, si une telle intervention a été nécessaire, l’on ne serait se contenter d’un statut quo, il faut sans délai dans une démarche inclusive, préparer les réformes et revenir à un jeu institutionnel ordinaire qui permette la dévolution du pouvoir par les élections.
La feuille de route du gouvernement de transition que je conduis depuis deux semaines, vise à restaurer la confiance, à procéder à des corrections majeures du cadre des élections, à restaurer les institutions et à préparer la mise en œuvre de ces réformes. Les livrables attendus de cette concertation sont à la suite d’une conférence nationale, l’adoption d’une nouvelle constitution reflet de notre contrat social, ainisi que l’adoption d’un bloc législatif comprenant notamment une loi électorale garante de scrutin transparent, libre et crédible.
C’est pourquoi d’ores et déjà pour la semaine prochaine, une conférence de presse a été convoquée. J’indiquerais à cette occasion, le calendrier de consultation de l’ensemble de la classe politique ainsi que de la société civile et je mettrai à profit cette occasion pour décliner le chronogramme de différentes étapes qui conduiront à de nouvelles élections.
Dans cette perspective, ce dont le Gabon a le plus besoin c’est d’un encouragement et d’un accompagnement, pour conduire ce chantier dans des délais que chacun veut raisonnable. J’ai saisi donc cette occasion pour lancer un appel solennel à l’ensemble de nos partenaires bilatéraux, régionaux et multinationaux pour accompagner et soutenir les lampes populaires de salut nationale en vu de renforcer les fondements de l’État de droit et la démocratie pour une prospérité partagée. Dans cette phase charnière de notre dessein et de notre histoire, le peuple gabonais qui s’unit dans la Concorde autour du Comité de transition pour la restauration des institutions se souviendra avec reconnaissance de la solidarité et de la confiance des peuples d’Afrique et du monde entier qui se tiendront à ses côtés pour l’aider à préserver sa place dans le concert des nations.