Une affaire aux répercussions internationales
L’affaire a éclaté le 5 décembre dernier, lorsque l’Agasa a pris des mesures drastiques à l’encontre du groupe agroindustriel camerounais Foberd Gabon, implanté au Gabon depuis plus de dix ans. Plusieurs dirigeants de l’entreprise ont été arrêtés et des entités du groupe fermées en raison de soupçons de « commercialisation de produits impropres à la consommation ». Selon EcoMatin, ces actions, perçues comme excessives les autorités camerounaises, ont failli provoquer une crise diplomatique entre le Gabon et le Cameroun.
La veille du limogeage, le président Oligui Nguema avait participé, le 16 décembre, à une session extraordinaire des chefs d’État membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) à Yaoundé. En marge de cette réunion, il aurait abordé cette affaire directement avec son homologue camerounais, le président Paul Biya.
Selon des informations rapportées par EcoMatin, Paul Biya, réputé proche de l’homme d’affaires camerounais Bernard Fokou — président du groupe Fokou, maison mère de Foberd Gabon, et généreux donateur du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) — aurait exprimé son mécontentement face aux actions de l’Agasa. Cet échange entre les deux chefs d’État aurait sans doute contribué à accélérer les décisions prises à Libreville pour désamorcer cette situation.
Des justifications contestées
L’Agasa avait justifié ses mesures par des accusations de commercialisation de produits avariés et d’utilisation d’intrants périmés dans la production de Coca-Cola. Ces allégations ont été fermement réfutées par Mesmin Sigha, coordonnateur général du groupe Foberd Gabon, qui a précisé que les produits incriminés avaient été retirés des rayons et étaient en attente de destruction. Concernant les intrants périmés, Foberd Gabon avait obtenu une autorisation de la maison-mère de Coca-Cola pour prolonger leur usage, conformément aux normes internationales, fait savoir EcoMatin.
Une sanction politique pour apaiser les tensions
Face à ces tensions, le limogeage du directeur général de l’Agasa semble répondre à une volonté d’apaisement. Le 19 décembre, jour de son éviction, ce dernier a annoncé une levée partielle des mesures conservatoires visant certaines entités du groupe Foberd, telles que Sofavin et Coca-Cola Sofavin Bottling Company.
Cette affaire souligne les défis auxquels font face les autorités gabonaises pour équilibrer la régulation stricte de la sécurité alimentaire et les relations diplomatiques avec un partenaire clé comme le Cameroun. Comme le rapporte EcoMatin, le président Oligui Nguema aurait considéré les actions de l’Agasa comme un « zèle » excessif, mettant en péril la stabilité des relations bilatérales entre les deux pays.
Une reprise d’activités sous conditions
Suite à ces événements, Foberd Gabon a repris partiellement ses activités tout en restant sous surveillance. Selon une note d’information publiée le 13 décembre, plusieurs branches, telles que les Aciéries du Gabon et Sogamatec, ont rouvert. Cependant, la levée totale des restrictions reste conditionnée à l’application de mesures correctives.