Une affaire aux relents politiques
Selon l’UDIS, tout a commencé le 14 novembre 2024, jour de la prise de position publique du parti contre la validation de la nouvelle Constitution lors du référendum du 16 novembre. Cette date coïncide également avec le dépôt supposé d’une plainte par l’ex-compagne d’Hervé Patrick Opiangah, accusation que le parti juge montée de toutes pièces.
Le 13 décembre, le Procureur de la République annonçait publiquement cette plainte lors du journal télévisé de Gabon 1ère. Cependant, l’UDIS affirme détenir des preuves que cette plainte n’a été effectivement déposée que le 25 novembre 2024, soit plusieurs jours après le lancement des poursuites et des perquisitions nocturnes.
Un déploiement excessif des forces de l’ordre
Le parti dénonce également les circonstances de l’arrestation manquée de son leader. Dès le 20 novembre, Hervé Patrick Opiangah a été convoqué par la police judiciaire. Quelques heures plus tard, un impressionnant dispositif de sécurité aurait été déployé, notamment des agents encagoulés et lourdement armés, perquisitionnant son domicile, le siège du parti et arrêvant plusieurs membres de sa famille. L’un de ses frères aurait été emprisonné et torturé, tandis que sa propre fille, présentée comme une supposée victime, aurait passé cinq jours en garde à vue.
L’UDIS exige un non-lieu
Face à ces développements, l’UDIS a saisi plusieurs institutions, dont la Présidence de la République, la Cour Constitutionnelle, le Parlement, le Syndicat National de la Magistrature du Gabon (SYNAMAG) ainsi que des représentations diplomatiques. Le parti exige un non-lieu immédiat pour Hervé Patrick Opiangah et son retour en toute sécurité au Gabon. Il prévient qu’il se réserve le droit d’engager des poursuites contre les responsables de ce qu’il qualifie d'”inceste manifeste entre la Justice et le Politique”.
Une justice en perte de crédibilité ?
L’affaire Opiangah met en lumière des interrogations sur l’indépendance de la justice sous la Transition. Pour l’UDIS, cette situation révèle une dangereuse dérive qui pourrait toucher n’importe quel citoyen gabonais. “Après Hervé Patrick Opiangah, à qui le tour ?” s’interroge le parti.
Alors que l’opinion publique suit cette affaire avec attention, la question d’un usage abusif du pouvoir judiciaire pour des fins politiques reste posée. L’issue de cette affaire pourrait bien marquer un tournant dans la perception de l’état de droit au Gabon.