Un non-lieu refusé malgré l’absence de preuve
Selon des sources proches du dossier, le maintien des charges contre Hervé Patrick Opiangah repose sur des fondements fragiles. Un magistrat ayant requis l’anonymat souligne l’incohérence juridique de la situation : « Dès lors que l’infraction n’est pas matérialisée et que la victime supposée rejette les accusations, il est du devoir du juge de prononcer un non-lieu. En droit pénal, il n’y a pas d’infraction sans élément matériel ».
De plus, la présomption d’innocence implique que le doute profite à l’accusé. Or, aucune preuve tangible n’a été apportée contre Hervé Patrick Opiangah. « Dans cette affaire, ni crime ni délit n’ont été établis. L’accusation n’a pas apporté la moindre démonstration probante de culpabilité. En l’absence de preuve, l’accusé doit bénéficier du doute », ajoute le magistrat.
Un argumentaire judiciaire contestable
Pour justifier le refus du non-lieu, le procureur de la République, Bruno Obiang Mve, avance un motif surprenant : la fuite de l’accusé. En cavale depuis plusieurs mois, Hervé Patrick Opiangah n’a pas pu être entendu dans le cadre de la procédure, ce qui, selon le parquet, complique l’avancement du dossier.
Cette posture est jugée absurde par les avocats de l’homme d’affaires, qui rappellent que la supposée victime elle-même a rejeté toutes les accusations. Pour eux, la justice gabonaise semble chercher à prolonger inutilement une affaire qui aurait dû être classée depuis longtemps.
Une justice en perte de repères ?
La défense de l’homme politique a saisi la chambre d’accusation, espérant qu’elle adoptera une position plus conforme aux principes du droit. Ce dossier met en lumière l’image d’une justice gabonaise toujours engluée dans des pratiques contestables, où l’indépendance des magistrats et la rigueur juridique semblent être reléguées au second plan.
Si la chambre d’accusation décide de maintenir la position du parquet, cela confirmerait que la justice gabonaise reste soumise à des influences et incapable de garantir des décisions objectives. Dans un contexte de restauration des institutions, cette affaire pourrait être un révélateur du chemin qu’il reste encore à parcourir pour redonner à la justice gabonaise ses lettres de noblesse.