Les représentants de l’État estiment que les accusations de détention arbitraire sont infondées, rappelant que les prévenus sont placés sous mandat de dépôt dans le cadre d’une instruction ouverte pour détournement de deniers publics, corruption, blanchiment d’argent, faux et usage de faux, ainsi que recel.
Une détention jugée irrégulière
Apportant des précisions, Maître Eyue-Bekale rappelle qu’« il est de notoriété publique et de droit que madame Sylvia Bongo a été placée sous mandat de dépôt le 12 octobre 2023 pour faux et usage de faux, blanchiment de capitaux et recel ». Or, elle souligne que les conseils de l’État ont affirmé que cette décision avait été prise le 23 octobre 2023, ce qu’elle considère comme une « dénaturation des faits » et une « information volontairement inexacte ».
L’avocate insiste sur le fait que « le délai de 6 mois pour renouveler la détention de madame Sylvia Bongo est dépassé depuis le 12 avril 2024 », ce qui, selon elle, constitue « une privation de liberté injustifiée ». Elle rappelle en outre que les infractions reprochées à sa cliente relèvent du tribunal et non de la cour criminelle.
Atteinte aux droits fondamentaux
Maître Eyue-Bekale réfute l’argument selon lequel la détention préventive de Sylvia Bongo pourrait être prolongée jusqu’à 24 mois en raison du caractère criminel des faits. Elle y voit « une erreur manifeste d’appréciation des faits et partant une erreur de droit ».
Elle dénonce par ailleurs des restrictions imposées aux visites, affirmant que « le droit de toute personne détenue, de recevoir les visites ne se limite pas aux seules autorités consulaires. Il s’étend aux avocats, aux parents et amis ». L’interdiction faite à ces derniers de rendre visite aux prévenus constituerait, selon elle, une « atteinte aux droits de l’homme, au respect de la vie privée et familiale ».
Une justice sous pression ?
Face aux déclarations des conseils de l’État, qui assurent que les délais légaux sont respectés et que Sylvia et Noureddin Bongo reçoivent des visites régulières, l’avocate dénonce « les violations graves et répétées des droits de la défense qui jalonnent la procédure depuis septembre 2023 ». Elle pointe également du doigt « les interventions publiques de personnalités politiques », qui, selon elle, donnent à cette affaire « l’allure d’un procès inéquitable et éminemment politique ».
Enfin, Maître Eyue-Bekale conclut en fustigeant une vision biaisée de la situation : « ceux qui pensent le contraire doivent changer de lunettes et sortir de la naïveté ». Elle met les magistrats face à leurs responsabilités en soulignant que « il faudra beaucoup de courage aux magistrats pour rendre non pas service mais la justice. Et c’est tout l’enjeu ».