Une déclaration qui interroge
Interrogé sur la procédure judiciaire visant l’épouse et le fils de l’ex-président Ali Bongo, Oligui Nguema a affirmé que leur procès aura lieu et qu’il sera équitable. Il a également révélé que la justice détenait des preuves matérielles, notamment un cachet officiel qui aurait été utilisé pour falsifier des documents signés en lieu et place d’Ali Bongo.
Sa déclaration : “Je vous ai dit que la justice a des preuves. Après chaque Conseil des ministres, les parapheurs étaient transférés à son domicile. Donc vous comprenez qui signait à son domicile. Parce qu’il y a des preuves, qu’ils ont. C’est un cachet.”
Ces propos ont immédiatement suscité des réactions, notamment de la part de figures politiques et d’experts juridiques.
Un manquement au principe de séparation des pouvoirs ?
Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre, a réagi sur RFI en soulignant l’anomalie d’une telle intervention du chef de l’État : “Ce que j’ai réclamé, c’est justement de faire en sorte que personne ne soit détenu illégalement sans aucun procès. Et je constate que le président de la transition connait le dossier puisqu’il en a parlé. Il a donc accès au dossier, ce qui naturellement est une hérésie dans un Etat de droit.”
Me Zimeray, avocat de la famille Bongo, a également rappelé que le président de la transition ne devrait ni avoir accès au dossier d’instruction ni se prononcer sur la culpabilité des accusés. Or, en déclarant que des preuves existent et en évoquant des éléments précis de l’enquête, Oligui Nguema pourrait avoir violé le secret de l’instruction, un principe fondamental du système judiciaire.
Oligui Nguema, qui a renversé Ali Bongo en août 2023, est en pleine campagne pour la présidentielle du 12 avril. Ses déclarations pourraient donc être perçues comme une tentative de justifier l’arrestation de Sylvia et Noureddin Bongo aux yeux de l’opinion publique, voire d’influencer le cours de la justice.
Si ces révélations s’apparentent à une violation du secret de l’enquête, elles soulèvent également une question plus large sur l’indépendance de la justice au Gabon.