Un dialogue direct et sans tabou
C’est dans une atmosphère conviviale que Bilie-By-Nze a répondu aux nombreuses questions du public réuni à l’auditorium de Gabon Mining Logistics. Vêtu simplement, loin des codes vestimentaires officiels, il a abordé sans détour plusieurs sujets brûlants : son expérience gouvernementale, les élections présidentielles de 2016 et 2023, ainsi que les enjeux majeurs du pays, tels que l’accès à l’eau et à l’énergie, le chômage des jeunes et la crise de gouvernance. Il a également émis des critiques sur la gestion actuelle du pays par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), tout en réaffirmant son désir de rupture avec ce qu’il appelle “le système Bongo”.
“Je n’ai jamais été président de la République”
L’ancien Premier ministre a tenu à clarifier son rôle passé au sein du gouvernement, rejetant toute tentative de faire de lui un bouc émissaire. “Ceux qui sont aux responsabilités aujourd’hui étaient avec moi. Pourquoi ne leur pose-t-on pas de questions ?” a-t-il interrogé. Il a rappelé qu’en tant que porte-parole du gouvernement sous Ali Bongo, il n’était que l’exécutant d’une ligne définie par l’exécutif. “J’étais le visage du pouvoir, j’étais le porte-parole”, a-t-il expliqué, reconnaissant cependant avoir été parfois “excessif” dans ses prises de parole publiques.
Une critique acerbe du système actuel
Alain-Claude Bilie-By-Nze ne s’est pas contenté d’expliquer son passé ; il a aussi livré un diagnostic sévère de la situation actuelle. “Depuis 15 mois, je constate que c’est pire qu’avant”, a-t-il affirmé, regrettant que les pratiques du passé perdurent. Selon lui, les problèmes systémiques qui ont freiné le développement du Gabon persistent sous de nouvelles formes, notamment dans l’attribution des marchés publics sans appel d’offres. “Ce système ne permet pas le développement et ne le permettra pas”, a-t-il martelé.
Vers une alternative politique ?
Face aux attentes croissantes de la population, Bilie-By-Nze plaide pour une rupture véritable et appelle à une Commission vérité, justice et réconciliation. Il a insisté sur la nécessité pour les Gabonais de rester mobilisés et d’user de leur droit de vote. “Il faut casser ce système”, a-t-il lancé. Toutefois, il entretient encore le suspense quant à une possible candidature à la présidentielle du 12 avril 2025. En attendant, son activisme politique et ses prises de position tracent déjà les contours d’un engagement qui ne fait que se renforcer.