Depuis son renversement par un coup d’État militaire le 30 août 2023, par le patron de sa sécurité, Ali Bongo vit reclus dans sa résidence du quartier huppé de la Sablière, à Libreville, sous la surveillance constante de la garde républicaine. Officiellement libre de ses mouvements, il refuse de quitter le pays tant que sa famille demeure en prison.
Cette nouvelle grève de la faim constitue un acte de protestation face au silence des autorités gabonaises. L’ex-chef d’État a ainsi drastiquement réduit ses repas, cessé ses séances de rééducation et refuse désormais toute visite. Ce n’est pas la première fois qu’il recourt à une telle action : en 2024, il avait déjà observé une grève de la faim de six semaines pour dénoncer les conditions de détention de sa famille.
Le déclencheur de cette nouvelle mobilisation est un rapport médical récent, rédigé après une visite effectuée auprès de Sylvia et Noureddin Bongo. Selon ce document, Sylvia Bongo, âgée de 61 ans, souffre d’une augmentation alarmante de la thyroïde et présente un risque élevé de cancer. Son fils Noureddin, quant à lui, souffre d’un tympan perforé. Le médecin en charge de leur examen recommande une évacuation sanitaire à l’étranger pour une prise en charge adaptée.
Malgré ces conclusions alarmantes, aucune décision ne semble avoir été prise par les autorités pour permettre leur transfert vers un établissement de soins adapté. Pour Ali Bongo et son entourage, cette inaction s’apparente à un acharnement.
Si l’ancien président a la possibilité de quitter le Gabon pour se faire soigner, comme l’ont affirmé les militaires au pouvoir, il campe sur sa position : il ne partira pas tant que son épouse et son fils seront détenus. Son combat, aujourd’hui, prend une nouvelle forme avec cette grève de la faim, un geste fort pour interpeller l’opinion publique et les instances internationales sur la situation de sa famille.
Par ailleurs, selon une déclaration de Léa Bongo Valentin, l’épouse de Noureddin, publiée sur le réseau social X, Sylvia et Noureddin Bongo ne seraient pas incarcérés dans une prison traditionnelle mais enfermés dans un bureau de la Garde Républicaine situé au sous-sol du Palais Présidentiel depuis le 1er avril 2024. « Ils ne voient pas la lumière du jour. Ce n’est pas une détention carcérale mais une prise d’otages », a-t-elle affirmé, ajoutant à la controverse entourant cette affaire.
Cette annonce de la grève de la faim intervient à deux mois de l’élection présidentielle, prévue pour le 12 avril prochain, un contexte qui ajoute une dimension politique à cette protestation. Le procès de l’ex-première dame et de la Young Team devrait se tenir après la présidentielle, voire en 2026.