Une affaire vieille de dix ans
Au cœur de cette affaire se trouve BR Sarl, une microfinance accusée d’avoir orchestré une vaste escroquerie ayant touché près de 18 000 Gabonais entre 2011 et 2015. La société, dirigée par le pasteur Yves Mapakou, aurait disparu avec des dépôts estimés à 75 milliards de francs CFA. Depuis, le promoteur principal s’est exilé, laissant dans son sillage une vague de victimes démunies et des révélations troublantes sur la gestion interne de la microfinance.
Des accusations graves contre les banques
Dans ce procès, les plaignants, représentés par le Congrès des agents publics, parapublics et privés de l’État (Cappe), accusent Orabank, Ecobank et UBA d’avoir facilité l’opération frauduleuse. Emmanuel Mvé Mba, président du Cappe, soutient que ces banques ont manqué à leur obligation de diligence lors de l’ouverture des comptes bancaires de BR Sarl, en violation des lois gabonaises et des règles de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC).
« Lorsqu’une banque entre en relation d’affaires avec un client, elle est tenue de vérifier scrupuleusement l’identité et la légalité des activités de ce dernier », explique Mvé Mba. Selon lui, les trois établissements bancaires ont autorisé l’ouverture de comptes à une structure non agréée par l’État gabonais, permettant à BR Sarl de déposer des sommes colossales tout en menant des activités irrégulières.
Un scandale aux ramifications internationales
Le pasteur Yves Mapakou, dans ses rares déclarations, a nié toute responsabilité directe, attribuant les pertes à des conflits internes et à la mauvaise gestion par des partenaires étrangers. Selon ses propos, une partie des fonds des clients était transférée sur des comptes en Chine, gérés par Coublan Ignace et M. Guezo, actionnaires majoritaires de la microfinance. Ces opérations suscitent aujourd’hui des interrogations sur le rôle exact des différents acteurs impliqués dans cette fraude transnationale.
Un espoir pour les victimes
Pour les 18 000 victimes de ce scandale, ce procès représente une chance de justice. En poursuivant les banques en justice, le collectif espère obtenir des indemnisations pour compenser les pertes subies. Les enjeux sont énormes, tant pour les épargnants que pour le système bancaire gabonais, appelé à tirer les leçons de cette affaire pour renforcer ses mécanismes de contrôle et de régulation.
Un verdict très attendu
Le jugement du tribunal de commerce pourrait avoir des conséquences majeures sur la responsabilité des institutions financières dans les affaires de fraude. En attendant, les regards restent tournés vers Libreville, où l’audience du 17 décembre s’annonce déterminante pour l’avenir de cette affaire épineuse.
À l’époque des faits, BR Sarl et UBA partageaient le même bâtiment, à la Gare routière, précisément au carrefour Léon M’ba, où se trouve encore l’agence Panoramique de UBA.