D’emblée, Alain-Claude Bilie-By-Nze a annoncé son intention de remettre en cause la constitution adoptée par référendum en novembre 2024. S’il a assuré respecter le choix du peuple, il a déclaré : “Nous avons indiqué qu’une fois élus, nous allons remettre en cause la constitution qui a été adoptée par référendum en novembre 2024. Non pas que nous ne respections pas le choix du peuple, mais parce que ce choix du peuple est contesté et ce choix du peuple s’est manifesté par une abstention qui était le vrai vainqueur de cette élection.” Il a également dénoncé une réforme constitutionnelle qui, selon lui, “met entre les mains d’un seul homme tous les pouvoirs, sans aucune séparation”.
Le candidat a ensuite dressé un tableau sombre de l’avenir du Gabon si les “fraudes” venaient à entacher le scrutin et si les autorités actuelles parvenaient à se maintenir au pouvoir. Il a évoqué une “chape de plomb qui est manifeste aujourd’hui par la peur qu’on fait peser sur le pays, la peur de la répression, la peur de s’exprimer”. Il a également mis en garde contre une “crise économique majeure” due au fait que “les nouvelles autorités empruntent sans compter, sans orientation précise, et empruntent auprès de fonds vautours”, et a prédit le recours inévitable au FMI et à un plan d’austérité.
Face à cette situation, Alain-Claude Bilie-By-Nze a présenté son programme axé sur une “rupture” et une volonté de “sortir le pays par le haut”. Il a affirmé que “toute cette campagne nous l’amenons pour indiquer aux Gabonaises et aux Gabonais la voie à suivre dans le cadre de la rupture que nous prenons.” Ses propositions phares incluent des réformes institutionnelles, des réformes économiques pour “dynamiser le pays, le libéraliser totalement et ouvrir des champs de possibles pour l’entreprise”, ainsi qu’une réforme profonde du système de santé. Sur ce dernier point, il a dénoncé la situation à Port-Gentil où “il n’y a qu’une seule pharmacie aujourd’hui qui prend la CNAMGS et qui ne sert que 70 personnes par jour”, qualifiant cela de “scandale”. Il a promis de réformer cela en assurant notamment que “l’État paye ce qui est dû à la CNAMGS” et que “les pétroliers payent également ce qui est dû à la CNAMGS”.
Le candidat a également mis en avant la nécessité de réformer le système d’éducation et de formation, qu’il juge responsable de la production de chômeurs, car “ils ne forment pas les chômeurs”. Il a insisté sur l’importance du “vivre ensemble” et a promis de travailler pour rappeler que “le Gabon est un et indivisible et que tous ses fils et ses filles sont partout au Gabon chez eux”. Sur le plan social, il a annoncé la mise en place du “revenu universel garanti de 150 000 francs CFA par mois pour les Gabonais et puis défavorisés”, précisant que cela coûterait “288 milliards de francs CFA” et serait financé notamment par des économies au niveau de certaines institutions comme le Sénat et le Conseil économique et social, ainsi que par une ponction de “10% des revenus du pétrole, 10% des revenus du manganèse et 10% des ressources fiscales”.
Concernant spécifiquement Port-Gentil, ville qu’il a qualifiée de “quasi sinistrée, avec un chômage de masse”, Alain-Claude Bilie-By-Nze a promis de “tout faire pour réinvestir dans Port-Gentil, dans la rénovation urbaine, mais aussi dans l’homme pour l’accompagner en quête d’emploi”. Il a critiqué les choix stratégiques du gouvernement dans le secteur pétrolier, déclarant que les rachats d’Assala et de Tulow étaient des “choix stratégiques qui ont été mal pensés dans la mesure où il eut fallu investir davantage dans l’exploration et la recherche ou alors dans la transformation plutôt que dans la production”. Il a également souligné que “la Sogara n’a pas aujourd’hui les capacités suffisantes pour couvrir le marché national en produits pétroliers raffinés”.
La question de la stratégie industrielle du Gabon a également été au cœur des échanges, notamment à travers une polémique soulevée par Alain-Claude Bilie-By-Nze concernant les importations de produits pétroliers raffinés. “La Sogara n’a pas aujourd’hui les capacités suffisantes pour couvrir le marché national en produits pétroliers raffinés. La Sogara importe des produits pétroliers raffinés et ce n’est pas honteux que de le reconnaître. Nous importons du Togo notamment et avant cela, nous importions de Côte d’Ivoire”, a-t-il déclaré. Face à l’étonnement de certains quant au fait que le Togo ne soit pas un producteur de pétrole, le candidat a rétorqué avec une comparaison : “Mais le Togo a mis en place une stratégie industrielle qui consiste à booster son port autonome qui est quasiment une zone franche… Lorsqu’on me le dit, la Suisse ne produit pas le cacao, mais la Suisse est producteur mondial de chocolat.”
Sur le plan politique, Alain-Claude Bilie-By-Nze a affirmé : “Nous ne donnerons pas de compte de campagne tant qu’on n’a pas reçu d’argent public.” Il a également réagi à l’appel à la paix lancé par les évêques du Gabon, estimant qu’“il aurait été intéressant qu’en amont, on vérifie les conditions d’organisation équitable du scrutin”. Il a enfin exhorté les Gabonais à “se lever pour aller voter massivement contre la dictature qui tente de nous envahir”.
Le candidat a conclu en détaillant des mesures spécifiques pour Port-Gentil, comme “refaire le plan d’urbanisation de la ville” et mener une “lutte acharnée contre la drogue et la délinquance”. Il a également évoqué la nécessité d’une politique nationale avec un investissement annuel de “20 milliards de francs CFA par province pendant 5 ans”. Interrogé sur ses priorités après son éventuelle prise de pouvoir, il a réaffirmé sa volonté de “dissoudre le Parlement et convoquer des élections” afin de “remettre en cause” la constitution par voie référendaire. Il a également annoncé que “dans les 300 prochains jours, après la prise de pouvoir”, il lancera des “appels d’offres internationales” pour un “audit réel au niveau de la SEEG”.