Dès janvier dernier, le président Oligui Nguema avait publiquement annoncé la sollicitation d’une assistance technique du FMI. L’objectif affiché : aider le pays à assainir ses finances publiques et à améliorer son cadre macroéconomique. Cette démarche, présentée lors de la cérémonie des vœux au corps diplomatique, visait à préparer le terrain pour un futur programme économique et financier, élaboré conjointement entre le Gabon et le FMI.
Les exigences du FMI sont connues : transparence accrue dans la gestion des finances publiques, réduction du train de vie de l’État, diminution de la masse salariale et suppression de certaines subventions. Autant de mesures qui conditionneront l’octroi de prêts indispensables pour un pays dont l’encours total de la dette avoisine les 8 648 milliards de FCFA. Face à cette situation financière préoccupante, le prochain président aura-t-il d’autre choix que de se soumettre aux conditions du FMI pour éviter un surendettement ?
Le calendrier électoral lui-même semble avoir été influencé par cette impérative nécessité. Initialement prévue pour août, la présidentielle post-transition a été avancée au 12 avril. Si la volonté de renouer rapidement avec la communauté internationale, notamment l’Union africaine qui avait suspendu le Gabon suite au coup d’État, est indéniable, l’échéance rapprochée répond également aux attentes des bailleurs de fonds, FMI en tête. Ces derniers ont clairement indiqué qu’un retour rapide à un régime constitutionnel civil était un préalable à toute nouvelle négociation d’un programme d’aide.
Depuis la prise de pouvoir, le régime d’Oligui Nguema a régulièrement fait appel à des créanciers non-conventionnels pour financer son Programme National de Développement de la Transition. Une pratique que son principal opposant, Alain-Claude Bilie-By-Nze, n’hésite pas à qualifier de recours à des “fonds vautours”.
Les signaux d’alerte se multiplient. L’agence Fitch Ratings a récemment dégradé la note souveraine du Gabon, confirmant une tendance inquiétante. Selon les projections du FMI, le ratio dette-PIB pourrait atteindre près de 80% en 2025, avec une dette publique appelée à croître pour répondre aux besoins de financement liés à la relance économique, aux défis structurels et, inévitablement, à la campagne électorale. La Banque mondiale met également en garde contre un endettement excessif, exacerbé par la forte dépendance du pays aux recettes pétrolières, intrinsèquement volatiles.
Il est important de noter que le Gabon n’est actuellement pas sous-programme avec le FMI. Le dernier accord, d’une durée de trois ans, avait été approuvé en juillet 2021, prévoyant un soutien financier de 388,8 millions de DTS (environ 553,2 millions de dollars). Cependant, cet accord n’a pas été mené à terme de manière satisfaisante par Libreville, et sa fin était initialement prévue pour juin 2024.
Ainsi, quel que soit le verdict des urnes le 12 avril prochain, le prochain président gabonais devra inévitablement composer avec les exigences du Fonds monétaire international. Les marges de manœuvre pour la mise en œuvre de leurs projets respectifs s’annoncent donc considérablement réduites, plaçant le FMI au centre du jeu économique gabonais pour les années à venir.