Un passé assumé et une volonté de rupture

Dès le début de son allocution, Bilie-By-Nze a reconnu son parcours au sein des régimes précédents : “Dans mon parcours politique et gouvernemental, je me suis efforcé de donner le meilleur de moi-même, avec les qualités qu’on a pu vouloir me reconnaître, mais aussi avec les faiblesses qui sont les miennes.” Il se revendique comme un homme d’expérience, tout en admettant des erreurs : “Je suis comme une panthère, j’assume mes tâches. Il m’est arrivé de me tromper, comme tout être humain. Je sais qu’il y a des sujets sur lesquels d’autres choix étaient possibles.”
Toutefois, il marque une rupture nette avec le pouvoir actuel, qu’il compare sévèrement : “S’il est vrai que j’ai servi le père, que j’ai servi le fils, je ne servirai pas celui qui fait office de petit-fils, qui est l’autre parent, et qui est une pâle copie de Dadis Kamara et de Bokassa.” Il dénonce ce qu’il qualifie de gouvernance chaotique : “Notre pays mérite mieux que cette catastrophe annoncée. Le Gabon et les Gabonais méritent mieux que le pilotage à vue.”
Un programme économique et institutionnel radical
Bilie-By-Nze veut incarner un renouveau en proposant des réformes de grande ampleur. Il plaide pour une économie plus ouverte et équitable : “Nous devons faire du Gabon une économie prospère, une économie libérale et sociale au sein de l’Afrique.” Sur le plan des institutions, il promet un véritable “coup de tronçonneuse” : “Nous allons couper à la tronçonneuse et nous allons supprimer les institutions qui ne servent à rien.” Parmi celles qu’il envisage d’éliminer : le Sénat, le Conseil économique et social, la Médiature de la République et plusieurs autorités administratives indépendantes.
Il s’engage également à lutter contre la corruption et l’opacité des finances publiques : “À combien sont les fonds politiques du chef de l’État ? Ce sont ces fonds qui servent à corrompre les populations, à corrompre les opposants, à corrompre les adversaires. Nous allons encadrer tout cela.” Il juge inacceptable que “250 milliards de fonds” soient concentrés entre les mains d’un seul homme.
Un plaidoyer pour la justice et la transparence
Le candidat a également dénoncé les abus du pouvoir en place en matière de justice et de droits humains. Il réclame la libération de plusieurs détenus politiques : “Le lieutenant Kely Ndong Obiang, il n’a rien à faire en prison.” Il affirme que les accusations contre Hervé Patrick Opianga sont sans fondement : “Il a été démontré que les charges qu’on avait fabriquées contre lui n’ont aucun fondement juridique.”
Il milite pour la mise en place d’une “Commission Vérité, Justice et Réconciliation”, afin de faire la lumière sur les événements politiques passés, notamment ceux de 2009 et 2016 : “Il n’est pas possible de bâtir un nouvel avenir tant qu’on n’a pas mis la lumière sur les crimes passés.”
Une critique des relations internationales et un appel au changement
Bilie-By-Nze s’attaque également aux accords internationaux en cours, notamment avec la France, qu’il veut renégocier : “Nous devons totalement réviser nos accords de coopération, d’égal à égal avec la France.”
Enfin, il termine son discours sur une note d’espoir : “Osons, osons, osons l’espérance. Osons ensemble l’espérance. Quand tout semble obscur, souvenez-vous que demain existe. Demain est la meilleure promesse.”
Avec cette candidature, Alain Claude Bilie-By-Nze s’affirme comme un opposant résolu au régime en place, proposant une refonte totale du système politique et économique du Gabon. Reste à savoir si son programme et sa posture critique séduiront les électeurs lors du scrutin du 12 avril.