Les récents scandales à la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon, à Gab’Oil, à la Poste SA ou encore à la Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale illustrent à quel point cette problématique est devenue systémique. Malgré les soupçons, voire des preuves de surfacturations, de pots-de-vin ou de détournements, la réponse du président de la Transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, se limite aux limogeages et aux suspensions. Prenons l’exemple du scandale de la fraude des tickets Edan ou encore du projet Karpowership, où des soupçons de corruption entachent un partenariat énergétique censé résoudre les déficits d’électricité. Ici encore, la sanction s’est arrêtée au seuil administratif, sans aucune suite judiciaire. Cette impunité notoire donne à penser que des intérêts supérieurs, voire inévitables, protègent ces fonctionnaires, grands voleurs de la République devant l’Éternel.
Le président s’est jusqu’ici montré ferme dans ses discours mais mesuré dans ses actes. Limoger une direction générale ou instaurer une administration provisoire est un signal, certes. Mais cela reste insuffisant face à l’ampleur des dégâts que ces pratiques infligent à l’économie nationale et à la confiance des citoyens. La vraie question est : pourquoi la justice ne suit-elle pas ? Est-ce par calcul politique ou par crainte de déclencher des révélations plus compromettantes encore ? Ou bien s’agit-il d’une stratégie pour protéger un système où chacun, de près ou de loin, tire un avantage de la corruption ambiante ?
Cette inertie judiciaire envoie un message délétère à ceux qui exercent l’autorité publique : voler, détourner, abuser des deniers publics n’expose qu’à une disgrâce temporaire, sans conséquences pénales. En somme, être pris en flagrant délit, c’est risquer tout au plus un limogeage et un peu de mauvaise presse avant de rebondir ailleurs dans la machine étatique. Pour l’opinion publique, cette justice à deux vitesses est un désaveu de la lutte contre la mal gouvernance et un encouragement tacite à la récidive.
Si la Transition entend vraiment incarner un renouveau, elle doit impérativement joindre les actes aux paroles. Les malversations financières ne peuvent plus être traitées comme des erreurs administratives mais comme des délits graves, punissables selon les lois en vigueur. La société gabonaise aspire à un État de droit où la justice est équitable et impartiale pour tous, sans exception. L’histoire nous jugera non pas sur nos discours, mais sur nos choix et sur les actes concrets qui auront marqué cette époque de Transition.
C’est à ce prix que la confiance pourra être restaurée et que la mal gouvernance cessera d’être un synonyme d’impunité.
Ce n’est pas du tic au tac quand il s’agit de démanteler un réseau, il faut interroger et rechercher toute la chaine