Le cœur du problème repose sur un désaccord fondamental entre l’AP et le Comité de Surveillance. Alors que ce dernier est chargé de superviser la transition et de définir la trajectoire stratégique de l’entreprise, l’AP estime qu’il n’est pas un simple exécutant. Cette divergence de vue s’est traduite par un refus de rendre des comptes et par des initiatives de restructuration unilatérales.
En dépit d’un organigramme imposé par le ministre de l’énergie Jeannot Kalima lors de sa prise de fonction, Jean Liévin Idoundou Manfoumbi a réorganisé les services, déstructurant certaines divisions pour en garder le contrôle et court-circuiter, la liste qui lui a été fournie. Par ailleurs, près de deux mois ont été nécessaires pour nommer les responsables de division, retardant ainsi la mise en œuvre des réformes nécessaires.
Le projet clé, TRANSFO 25, censé être le pilier de la refonte stratégique de la SEEG pour les 15 prochaines années, reste absent. Les multiples relances transmises à l’AP et au général Asseko, par les parties impliquées dans ce processus, sont restées sans réponse. Ces derniers semblent privilégier un autre plan, inconnu des parties impliquées.
Des nominations controversées
Au-delà de ce conflit de gouvernance, plusieurs nominations effectuées au sein de l’administration provisoire suscitent un malaise profond parmi les employés :
Le Directeur Technique, Arna Ndoutoume, se trouve dans l’incapacité à fournir des solutions claires face aux délestages persistants et aux problèmes d’accès à l’eau.
La Directrice Juridique, Olivia Djouassa, est perçue comme privilégiée. Elle délègue massivement ses responsabilités préférant osciller au gré du vent entre la Task Force et la présidence de la République, où ses liens avec le secrétaire général adjoint semblent lui conférer un totem d’immunité.
Le Directeur des services informatiques, Sébastien Mbot, est désavoué par son équipe. Son approche déconnectée des réalités opérationnelles inquiète dans un contexte où l’entreprise est vulnérable sur le plan technologique.
Le Directeur de la Sécurité, le colonel Mouketou, n’a présenté aucune mesure concrète pour endiguer les fraudes internes et externes. Même un vol de 30 000 litres de gasoil, survenu il y a deux mois, n’a pas donné lieu à un rapport.
Le divisionnaire du dialogue social, Sleydje Olimbi, reste aux abonnés absents dans la gestion des relations avec les employés. Cependant, il exerce une influence considérable sur les finances, décidant des dépenses et des paiements, laissant son supérieur hiérarchique, le directeur administratif et financier, le Colonne Nzé Ndong, dans un rôle d’exécutant. Ce dernier ne fait qu’apporter la signature mais refuse de s’engager s’il n’a pas l’aval de Sleydje Olimbi qui n’a pourtant rien à voir avec cette fonction.
Un climat social délétère
Ces dysfonctionnements alimentent la frustration des employés, qui espéraient un renouveau sous l’impulsion des nouvelles orientations stratégiques. À ce jour, cet espoir semble s’effondrer face à l’immobilisme et à la désorganisation.
La SEEG, entreprise essentielle à la fourniture de services vitaux pour le Gabon, glisse inexorablement vers une situation critique. L’absence de plan stratégique, les tensions internes et l’incompétence perçue de certains dirigeants laissent craindre une éventuelle faillite, avec des conséquences sociales et économiques désastreuses.
Quel avenir pour la SEEG ?
Ce constat alarmant à seulement à près de trois mois d’administration pose provisoirement une question cruciale : la SEEG peut-elle être sauvée ? Pour cela, il faudra une reprise en main urgente, impliquant une réorganisation rigoureuse, l’élaboration rapide du plan TRANSFO 25, et une gouvernance basée sur la transparence et l’efficience.