L’annonce de la transformation du RdB en parti politique, faite par Kevin Nzigou lui-même le week-end écoulé, a mis le feu aux poudres au sein d’un mouvement déjà miné par des tensions internes : gestion du franc électoral, obtention d’un poste ministériel au sein du prochain gouvernement, ou nomination dans la haute administration, tous les coups sont permis.
Une Assemblée Générale constitutive, prévue pour le 19 avril 2025, devrait entériner cette mue. Mais les critiques fusent, mettant en doute la légitimité de cette initiative et, par ricochet, l’autorité de son instigateur. Le spectre de la campagne présidentielle plane, où sa décision de limoger la trésorière générale, Aleynia Nyingone, par un courrier devenu viral sur les réseaux sociaux avant d’être désavoué par le Palais Rénovation, avait déjà ébranlé sa crédibilité. La concernée, dans une vidéo postée également sur les réseaux sociaux, avait publiquement défié son autorité en rejetant cette décision et en affirmant avoir été nommée par Brice Clotaire Oligui Nguema et que seul ce dernier pouvait la renvoyer de son poste.
La réaction de Justine Édith Lekogo, membre du RdB suite à l’annonce Kevin Nzigou, est sans équivoque : “Il ne revient nullement à un membre de la coordination de proclamer la transformation de la plateforme en parti politique.” Elle souligne la prérogative exclusive du président Oligui Nguema, fondateur légitime du mouvement, dans une démarche qui, selon elle, relève d’une “exigence de légitimité et de cohérence politique”.
Lekogo dénonce également la précipitation de l’annonce, l’absence de mention d’une initiative émanant du chef de l’État, et l’incohérence de lancer des adhésions à un parti non encore officiellement créé. Ces critiques, largement relayées, alimentent les interrogations sur la capacité de Kevin Nzigou à fédérer et à diriger, à l’approche d’élections législatives cruciales pour la consolidation du pouvoir d’Oligui Nguema.
La question se pose donc avec acuité : Kevin Nzigou a-t-il l’autorité pour continuer à occuper son poste de coordinateur général au RdB, alors que les dissensions internes et les remises en question publiques fragilisent son leadership ? Le président Oligui Nguema, à quelques mois des élections parlementaires prévues au plus tard en août prochain, devra-t-il intervenir pour rétablir l’ordre et garantir la cohésion de son camp ? L’Assemblée générale du 19 avril se tiendra-t-elle, et si oui, Kevin Nzigou sortira-t-il renforcé ou affaibli de cet épisode ?