Cette annonce intervient moins de deux semaines après un remaniement du gouvernement de Raymond Ndong Sima, où Mays Mouissi, alors ministre de l’Économie et des Participations, a été débarqué de ce portefeuille ministériel pour le ministère de l’Environnement et du Climat. Ce changement fait suite à une série de déboires, notamment l’annonce par la Banque africaine de développement (BAD) de suspendre ses décaissements envers le Gabon en raison de retards dans le paiement des arriérés. Le nouveau ministre de l’Économie et des Participations est Mark Alexandre Doumba.
Cette dégradation de l’économie gabonaise intervient également à moins de deux mois de la présidentielle, prévue le 12 avril 2025, une échéance où les dépenses publiques devraient encore exploser.
Une pression accrue sur les liquidités
Selon le rapport publié par Fitch Ratings, cette nouvelle dégradation résulte de graves tensions sur les liquidités publiques, à la fois intérieures et extérieures. Le Gabon fait face à un accès limité aux marchés de la dette, à des financements réduits de la part des grands créanciers officiels, ainsi qu’à des échéances d’amortissements élevées. Ces contraintes ont conduit à une augmentation significative des arriérés envers les fournisseurs et les créanciers publics.
La détérioration du marché de la dette locale
Le marché régional de la dette, en particulier celui de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), montre un intérêt décroissant pour la dette publique gabonaise depuis le second semestre de 2024. Bien que le pays ait levé près de 2 % de son PIB net d’amortissements grâce à une souscription syndiquée par les banques locales, la situation demeure fragile.
Accumulation des arriérés et limitations du financement
Entre janvier et novembre 2024, les arriérés du Gabon envers les créanciers publics ont augmenté de 0,9 % du PIB, affectant principalement les prêteurs bilatéraux et, dans une moindre mesure, les institutions multilatérales telles que la Banque mondiale. Ces retards de paiement compromettent l’accès à de nouveaux financements officiels, tandis que les arriérés intérieurs envers les fournisseurs atteignent près de 1,5 % du PIB pour 2024.
Un programme avec le FMI attendu en 2025
Fitch Ratings anticipe que le Gabon sollicitera un programme d’assistance financière du FMI en 2025. Cependant, l’ouverture des discussions reste conditionnée aux élections présidentielles prévues en avril 2025. Ce programme devrait fournir un soutien financier, mais exigerait des réformes économiques drastiques dans un contexte politique toujours instable.
Des perspectives économiques moroses
Le Gabon est confronté à des échéances de dette extérieure évaluées à 3,7 % du PIB en 2025 et à 2,3 % en 2026. Les pressions internes sont également importantes, avec des amortissements atteignant 5,3 % du PIB en 2025 et 6,3 % en 2026. Par ailleurs, Fitch prévoit une baisse des prix du pétrole, passant de 80 USD/baril en 2024 à 70 USD/baril en 2025, aggravant ainsi les besoins de financement du pays.
Hausse de la dette publique
Bien que la dette publique ait diminué en 2024 à 67 % du PIB grâce à une forte croissance nominale du PIB, elle devrait de nouveau augmenter pour atteindre 71 % en 2025 et 72 % en 2026. Cette tendance inquiète, car elle dépasse largement la moyenne des pays évalués « B » par Fitch, dont la médiane s’établit à 54 %.
Un avenir incertain
Cette dégradation de la note par Fitch Ratings met en évidence la fragilité économique et financière du Gabon, exacerbée par une dépendance aux revenus pétroliers et une gestion budgétaire défaillante. Les défis auxquels le pays est confronté — augmentation des arriérés, tensions sur les liquidités, perspectives budgétaires incertaines — nécessitent des réformes urgentes pour éviter une nouvelle aggravation de la crise.