L’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze, en tournée avec sa délégation, a été encerclé par une foule hostile. Ce climat de tension politique grandissante soulève des préoccupations sur la liberté d’expression et de circulation des figures politiques au Gabon.
Un climat d’intimidation politique persistant
L’incident de Mitzic rappelle les méthodes d’intimidation qui devaient être abolies sous la transition militaire. Selon plusieurs témoignages, des jeunes « manifestement politisés » ont bloqué l’hôtel, proférant des menaces et instaurant un climat de peur. L’un des meneurs, se présentant sous le nom de William et affirmant être originaire de Mitzic, a déclaré : « Je défends les intérêts de Mitzic, de mon département […] s’il s’entête, nous allons prendre les mesures qu’il faut. On va l’empêcher de parler ici. »
Ces propos traduisent une vision territoriale inquiétante du pouvoir politique : « Le Woleu-Ntem nous appartient […] s’il veut s’exprimer, il doit le faire chez lui. Ici, c’est pour le président Oligui. » De telles déclarations, accompagnées de menaces explicites (« Si Bilie-By-Nze passe ici, je lui tire dessus. »), fragilisent les principes de libre circulation et d’expression dans le pays.
Un contexte de restrictions des libertés politiques
Cet événement intervient alors que d’autres signes de restrictions politiques apparaissent. Récemment, le délégué spécial d’Oyem a refusé l’autorisation d’une réunion publique demandée par Alain-Claude Bilie-By-Nze. Ce refus met en lumière les contradictions d’une transition qui promet une ouverture démocratique, tout en reproduisant certaines pratiques autoritaires.
L’incident de Mitzic révèle le risque de dérives où des tensions locales sont utilisées pour restreindre l’expression politique. William, bien qu’affirmant ne pas être instrumentalisé par des responsables politiques, adopte une rhétorique qui alimente les divisions ethniques et territoriales ayant historiquement entravé le développement démocratique du Gabon.
Une épreuve pour la transition
Dans un climat préélectoral, ces événements représentent un défi majeur pour la transition. La capacité des autorités à garantir la liberté d’expression et de circulation des opposants politiques sera cruciale pour la crédibilité du processus en cours. L’incident de Mitzic pourrait symboliser soit une rechute vers des méthodes répressives, soit une opportunité de réaffirmer les engagements démocratiques du gouvernement de transition.
La réaction officielle face à ces actes sera déterminante. Une absence de réponse ferme face à ces intimidations enverrait un signal inquiétant sur l’orientation politique du pays. À l’inverse, une prise de position claire en faveur des libertés fondamentales renforcerait la confiance en l’avenir démocratique du Gabon.