La nuit du 5 au 6 avril 2025 a été marquée par une nouvelle fuite de pétrole, cette fois sur le pipeline Coucal-Rabi, près de Port-Gentil. Si Perenco, exploitant du site, se vante d’une réaction rapide, cet incident vient une fois de plus entacher l’image de la compagnie franco-britannique, déjà tristement célèbre pour ses précédents manquements.
Le 20 mars 2024, un incendie dévastateur sur la plateforme Becuna, opérée par Perenco dans le champ Simba, a coûté la vie à cinq personnes et laissé une autre portée disparue. Au-delà du bilan humain tragique, cet événement a inévitablement engendré des dégâts écologiques dont l’ampleur reste à déterminer.
Ces récents incidents ne sont malheureusement pas des cas isolés. Le souvenir de la fuite massive survenue le 28 avril 2022 au terminal pétrolier du Cap Lopez, le plus grand du pays, reste vif. Cinquante mille mètres cubes de pétrole brut s’étaient alors répandus, souillant une zone équivalente à trois terrains de football. Un rapport de l’ONG Croissance Saine environnement avait pointé du doigt une possible négligence de la part de Perenco, suggérant que l’accident aurait pu être évité.
Les antécédents de Perenco en matière de pollution ne s’arrêtent pas là. En 2021, un reportage diffusé sur France 2, intitulé “Les dégâts de Perenco au Gabon”, avait mis en lumière des cas de pollution ayant conduit à une mise en examen de la compagnie par le tribunal de Port-Gentil, suite à une plainte déposée par le Réseau des organisations libres de la société civile pour la bonne gouvernance au Gabon.1 L’activiste Bernard Christian Rekoula, qui avait collaboré à ce reportage, avait même été contraint à l’exil en France face à des menaces de mort.
La récurrence de ces incidents, qu’il s’agisse de fuites, d’incendies ou de cas de pollution avérés, soulève de légitimes interrogations sur la vétusté des infrastructures de Perenco au Gabon et sur l’efficacité des mesures de sécurité mises en place. La “réactivité immédiate” mise en avant par la compagnie suite à la fuite sur le pipeline Coucal-Rabi ne saurait suffire à rassurer l’opinion publique et les organisations de la société civile.
Il est impératif que les enquêtes en cours soient menées avec la plus grande transparence et indépendance afin de déterminer les causes exactes de ces incidents et d’établir les responsabilités.