Organisée en hommage à feue Martine Oulabou Mbadinga, institutrice tuée en 1992 lors d’une mobilisation pour la défense des droits des enseignants, cette journée est traditionnellement un moment de dialogue. À l’initiative de la ministre de l’Éducation nationale, Camélia Ntoutoume-Leclercq, l’événement a permis aux enseignants de rencontrer le président en pleine pré-campagne. Mais cette rencontre, qui aurait pu être un tremplin électoral pour Oligui Nguema, semble avoir eu l’effet inverse.
Les enseignants attendaient des annonces concrètes, notamment sur les avancements et les régularisations administratives. Si certains ont effectivement constaté des promotions, l’absence d’effets financiers concrets a refroidi l’enthousiasme. « Pourquoi est-ce qu’on ne fait pas aux enseignants ce qu’on a fait chez les corps habillés ? », s’interrogent-ils, frustrés par le décalage entre les avancements et l’absence d’impact sur leurs salaires.
Une attente interminable, pour un discours creux
Déjà transportés au Palais des Sports dès le matin, les enseignants ont attendu jusqu’à 16h avant de voir le président apparaître. Pourtant, loin des réponses espérées, le chef de l’État s’est contenté d’annoncer la nomination de certains établissements en hommage à des enseignants disparus, comme le lycée d’Akébé-Ville, qui portera désormais le nom de Louis Patrick Mombo, syndicaliste décédé de la COVID-19.
Les revendications salariales, elles, sont restées lettre morte. Face à ce vide, la colère a grondé, culminant avec la ministre Camélia Ntoutoume-Leclercq huée lorsqu’elle a tenté de prendre la parole. Un camouflet qui témoigne du malaise croissant.
Un vote enseignant en déperdition ?
Depuis deux ans, les enseignants ont été relativement calmes, sans mouvements de grève majeurs. Une stabilité qui pouvait laisser espérer un vote favorable à Oligui Nguema. Mais cette journée du 23 mars semble avoir ébranlé cette dynamique. Le manque de mesures concrètes pourrait bien pousser cette « majorité silencieuse » à voter autrement, non par adhésion à une alternative, mais par rejet d’un statu quo décevant.
Si Oligui Nguema veut assurer le soutien du corps enseignant, il devra rapidement proposer des solutions tangibles. Faute de quoi, ce 23 mars pourrait bien rester dans les mémoires comme le jour où le vote des enseignants a basculé.