Une situation économique alarmante
La veille de son départ pour Yaoundé, le président Oligui Nguema a reçu Marcel Ondele, secrétaire général de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (COBAC), et Rodrigue Bissielou, directeur national de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC). Ces entretiens visaient à dresser un état des lieux des systèmes bancaires et macroéconomiques de la région, en mettant en exergue des points d’alerte nécessitant des mesures urgentes.
L’économie des États membres de la Cemac est en proie à des déséquilibres budgétaires persistants. Une situation aggravée par des décisions unilatérales, comme celle du Gabon qui, en novembre 2024, a procédé au rachat anticipé d’une partie de son eurobond 2025 pour 180 milliards de F CFA en monnaie locale. Cette initiative, non concertée avec les autres États membres, a contribué à la chute des réserves de change de la BEAC, déjà fragilisées.
Pressions accrues du FMI et de la Banque mondiale
Les bailleurs de fonds internationaux, en particulier le FMI, ont exprimé leur préoccupation face à la dégradation économique de la zone Cemac. Le FMI a notamment dénoncé la saturation du marché des titres publics et des niveaux de dette publique non conformes aux critères de convergence régionaux. Parmi ces critères figurent un solde budgétaire supérieur ou égal à 1,5 % du PIB, une inflation ne dépassant pas 3 %, et une dette publique inférieure à 70 % du PIB. Aucun des pays membres n’est actuellement en conformité totale.
Le FMI menace de suspendre ses décaissements, comme ce fut le cas avec les 180 milliards de F CFA destinés au Cameroun, tant que des engagements clairs et fermes ne seront pas pris. Les institutions internationales demandent à la Cemac d’adopter des plans triennaux de convergence budgétaire et d’améliorer la gestion de leurs finances publiques.
Gabon et Congo au centre des inquiétudes
Deux pays, le Gabon et le Congo, concentrent l’attention des bailleurs de fonds. Ces deux économies, respectivement deuxième et troisième puissance économique de la zone, présentent des déficits budgétaires élevés. L’encours des obligations et bons du Trésor atteignait 7 167 milliards de F CFA à la fin octobre 2024, soit 10,5 % du PIB régional. Cette tendance inquiète les bailleurs, qui redoutent une saturation irréversible du marché des titres publics.
Un sommet capital
Le sommet extraordinaire de Yaoundé représente une opportunité cruciale pour les dirigeants de la Cemac de présenter un front uni et d’adopter des réformes substantielles. Ils devront convaincre le FMI et la Banque mondiale de leur capacité à restaurer la stabilité économique dans la région. Faute de quoi, le soutien financier indispensable à leurs économies pourrait être compromis.