« Cette distinction, créée pour honorer les personnalités marquantes des événements du 30 août 2023, symbolise la reconnaissance du peuple gabonais et des institutions pour le patriotisme et la bravoure du CTRI et du Président », selon la présidence de la République, verra le 30 août prochain, plusieurs personnalités civiles et militaires récompensées de la distinction honorifique de « Compagnon de la Libération », au cours d’une cérémonie commémorative du coup d’État militaire d’il y a un an. Ce nouvel ordre national n’est pas sans rappeler celui de l’ordre de la Libération créé par le général Charles de Gaulle en 1940, pour récompenser les personnes ou les collectivités militaires et civiles qui se seront signalées dans l’œuvre de libération de la France et de son Empire pendant la Seconde Guerre mondiale.
Comme il fallait s’y attendre, de nombreux observateurs de la vie publique ont aussitôt réagi avec pétulance, à l’exemple de la blogueuse Anne-Marie Dworaczek Bendome.« L’Ordre gabonais, calqué sur celui fondé par le général de Gaulle en 1940, semble plus destiné à légitimer un pouvoir issu d’un coup d’État qu’à honorer des héros. », a-telle déclaré sur X. Selon Dworaczek Bendome, en comparaison, « De Gaulle luttait contre l’occupation nazie, Oligui Nguema a renversé un régime établi et qu’il servait, quoique contesté. », en termes de légitimité et d’héritage, « De Gaulle bénéficiait du soutien des Alliés, Oligui Nguema fait toujours face à des sanctions internationales. », l’homme de l’appel du 18 juin 1940 à Londres « est le fondateur de la Vᵉ République française, tandis que l’impact d’Oligui Nguema reste à déterminer. », a-t-elle souligné.
« Un an après le coup d’État du 30 août 2023, la comparaison entre Oligui Nguema et le général de Gaulle paraît de plus en plus tirée par les cheveux. », en conclusion a-t-elle affirmé.
Depuis sa prise de pouvoir, le président de la transition ne cesse de multiplier des décisions taillées sur mesure. En effet, après la loi autorisant les officiers supérieurs et les généraux de l’armée à épouser plusieurs femmes, les projets de décret portant reconnaissance d’utilité publique de certaines fondations, rien ne semble arrêter le président de la transition quand il est question aussi de légitimer sa prise de pouvoir dans la conscience collective des Gabonais.
Général de brigade, Oligui Nguema va-t-il aussi imiter son homologue, l’Egyptien Abdel Fattah al-Sissi, qui le 27 janvier 2014, était promu de grade de général d’armée au grade de maréchal de l’armée avant de présenter sa candidature à l’élection présidentielle de 2014 qu’il va ensuite remporter ? L’avenir nous le dira.