Avant de prendre part aux assemblées, il avait saisi l’opportunité de son passage à Paris, où il rencontrait ses homologues de la sous-région, les responsables des institutions financières et les gouverneurs de la BEAC et de la Banque de France, pour clarifier la position du Gabon. Invité le 18 avril 2025, sur TV5 Monde Afrique, le ministre n’avait pas hésité à remettre en cause les chiffres avancés par le FMI.
“Non. Je ne les confirme pas du tout”, avait déclaré avec fermeté Charles M’ba en réponse aux projections du FMI qui estimaient que la dette publique gabonaise dépasserait les 70 % du PIB. “Nous sommes toujours en désaccord avec les institutions de Bretton Wood sur notre taux d’endettement. Le FMI dirait plus de 70 %, alors que nous nous disons 58%, quand nous sommes arrivés, et 56% aujourd’hui. Nous avons une tendance baissière vers 54 %”.
Le ministre avait ensuite exposé la principale source de cette divergence d’appréciation. Selon lui, la méthodologie du FMI intègre une “dette sociale intérieure”, qui comprend notamment les arriérés de paiement de l’État envers les agents publics. Sur ce point, M’ba avait souligné les efforts entrepris par le gouvernement du président Brice Clotaire Oligui Nguema pour résorber cette dette, citant le paiement des rappels de pensions de retraite et des deux tiers des rappels de soldes en retard depuis une décennie.
Alors que les discussions battent leur plein à Washington, l’on attend de voir si les arguments du Gabon ont pu infléchir la position du FMI. Au-delà de cette controverse sur les chiffres de la dette, le ministre avait tenu à brosser un tableau optimiste de la situation économique du Gabon depuis la transition du 30 août 2023. Il avait évoqué les “grands acquis économiques et financiers” et les “perspectives macroéconomiques” favorables, fruit des actions entreprises par le nouveau gouvernement.
Concernant d’autres dossiers économiques cruciaux, comme le rapatriement des fonds de réhabilitation environnementale par les compagnies pétrolières, M’ba avait indiqué que les discussions avec les opérateurs se poursuivaient et qu’il espérait une avancée lors des rencontres de Washington. Il avait également esquissé les priorités du gouvernement en matière de diversification économique, axées sur l’agriculture, le tourisme et la numérisation, bien que précisant que ce dossier relevait principalement de son collègue en charge de l’Économie.
Enfin, le ministre avait insisté sur l’engagement du gouvernement à ce que les revenus des ressources naturelles bénéficient davantage à la population, mettant en avant des mesures concrètes telles que le règlement des arriérés sociaux et le soutien aux ménages face à la vie chère.
La présence de Charles M’ba aux assemblées FMI-Banque mondiale, précédée de sa contestation des prévisions sur la dette, souligne un enjeu majeur pour le Gabon. Les prochains jours à Washington seront déterminants pour évaluer l’impact de ses arguments et la perspective d’une convergence de vues avec les institutions financières internationales.