Entre mars et avril 1990, face à la pression de la rue, au forceps, Omar Bongo Ondimba acceptait la tenue d’une conférence nationale devant aboutir à l’adoption du multipartisme et désigna Mgr Basile Mvé Engone comme président des travaux. Quelques mois plus tard, l’un des plus farouches opposants au régime, Joseph Rendjambe Issani était retrouvé mort dans des conditions mystérieuses, dans une chambre d’hôtel, déclenchant ainsi une vague de manifestations sans précédent, réprimée manu militari. Une situation qui n’empêchant pas cependant Omar Bongo d’être élu au premier tour à l’élection présidentielle de 1993 face à l’opposant Père Paul Mba Abessole qui avait crié à la fraude. Un rendez-vous manqué qui plongeant alors le Gabon dans l’immobilisme politique marqué par une fraude électorale cyclique et ce sans perspective d’une alternance démocratique. L’histoire va-t-elle encore se répéter à la suite du prochain dialogue national ?
Le président des travaux des assises du futur dialogue national Mgr Jean-Patrick Ibaba parviendra-t-il à donner un nouveau souffle au paysage politique, institutionnel économique et social en accouchant d’une constitution inviolable qui garantisse enfin le libre jeu démocratique en se basant sur la loi fondamentale de 1991 ?
Autre conflit latent dont les débats pourront être houleux : l’Archevêque métropolitain de Libreville réussira-t-il à imposer une élection présidentielle inclusive, alors que la Charte de la transition impose une inéligibilité aux membres du gouvernement et aux acteurs clés du nouveau régime, tout en permettant au président de la Transition et aux membres du Comité pour la transition et la restauration des institutions d’être éligibles ? Surtout que les ambitions présidentielles de plusieurs acteurs politiques sont en jeu, à l’instar de l’un des principaux opposant au président déchu Ali Bongo Ondimba, Alexandre Barro Chambrier qui a épousé la sœur de l’épouse du président congolais Denis Sassou-Nguesso en raison de la préférence nationale inscrite dans la Charte constitutionnelle.
Sur le plan social, le dialogue national avec à sa tête Mgr Jean-Patrick Ibaba se penchera également sur le droit des LGBT. Une mauvaise nouvelle pour la communauté homosexuelle gabonaise. En s’appuyant sur la situation actuelle du Gabon avec le CTRI qui interdit «les couples de même sexe», l’Église du Gabon, par l’entremise de Mgr Mathieu Madega Lebouakehan, Évêque de Mouila, président de la Commission de la doctrine de la Conférence épiscopale du Gabon avait annoncé qu’elle ne bénira pas les couples homosexuels comme le souhaite le Vatican.