C’est parce que nous poursuivons un idéal dont la triptyque est ni juge, ni partie, ni soumis, que nous publions rarement des éditos pour exprimer le point de vue de la rédaction “Le Confidentiel”. C’est parce que dans le traitement de l’actualité nous souhaitons présenter les faits, rien que les faits. Libre alors à nos lecteurs tous bords confondu de se faire sa propre opinion.
Si Ossouka Raponda en sa qualité de Vice-président de la République, décide de recevoir des acteurs de la société civile, des leaders d’opinion, des élus locaux de l’opposition ou de la majorité présidentielle, pour discuter des enjeux nationaux qui engagent la République : quoi de plus normal. Cela se fait sous d’autres cieux. Au plus fort de la crise des gilets jaunes en France, Édouard Philippe alors Premier ministre n’avait pas hésité à recevoir à Matignon, l’ensemble de la classe politique, dont notamment l’opposition pour désamorcer la situation.
Mais quand Ossouka Raponda revêt son costume de Vice-président de la République pour convier des membres du Gouvernement, la haute administration fussent-ils originaires de l’Estuaire à une rencontre politique pour discuter de comment garantir une victoire à Ali Bongo Ondimba, candidat à sa propre succession pour un troisième mandat à la présidentielle d’août prochain, c’est quand-même fort café ! Voyons le décors, des ministres de la République, des cadres de la haute administration, suspendre leurs activités courantes, un jour ouvrable, pour répondre à une réunion qui ne répond pas à un format républicain. En plus la personnalité à l’initiative de cette rencontre met en avant sa double casquette de Vice-président de la République et membre influent du PDG. Elle pouvait inviter “ses camarades” originaires de l’Estuaire comme elle, mais en laissant de côté sa fonction étatique. Sinon cela ne cadre pas avec les valeurs de la République dont la neutralité surtout à la veille des grands enjeux politiques à venir s’imposent.
Elle va même pousser l’outrecuidance plus loin, le lieu de la rencontre n’est autre que l’auditorium Arambo, au sein même du ministère de l’Économie. Vous imaginez le Parti Social Démocrate de Pierre-Claver Maganga Moussavou, le Rassemblement pour la Patrie et la Modernité d’Alexandre Barro Chambrier, l’Union Nationale de Paulette Missambo, Les Démocrates de Guy Nzouba Ndama, les opposants Raymond Ndong Sima, tenir une rencontre politique à l’auditorium Arambo ? Même pas en rêve !
Quid donc de l’éthique et de la morale au PDG ? Le parti d’Ali Bongo ne se fixe-t-il pas des limites à ne pas franchir ? Quid de la séparation entre le PDG et l’État près de trente trois ans après la fin du monopartisme ?
En conviant les membres du Gouvernement à une réunion politique, dans un lieu relevant du domaine régalien, dans le cadre de l’organisation de la victoire d’Ali Bongo en août prochain, en mettant en avant sa casquette de Vice-président de la République, Ossouka Raponda prête le flanc à l’opposition qui accuse le régime actuel d’utiliser les moyens de l’État pour battre campagne au profit du “Distingué camarade Président”, et participe en même temps à l’érosion de l’état de droit qui consacre la neutralité de l’État en période électorale.
Pour paraphraser notre confrère Télesphore Obame Ngomo célèbre pour ses tribunes à tort ou à raison à charge contre le régime d’Ali Bongo “le débat de Missélé eba’a”, au nom du président de la République et d’un militantisme d’une autre époque, certains de ses collaborateurs se croient tout permis au point d'”‘enculer la République”.