Le jeudi 5 décembre 2024, cette décision, perçue comme un acte fort, intervient après des soupçons de détournement de fonds et de dépenses extravagantes. Parmi les accusations, l’utilisation présumée de 46 200 000 FCFA pour financer des campagnes politiques personnelles, et des dépenses d’entreprise apparemment injustifiables, comme le règlement de frais de restauration auprès d’une société spécialisée dans le placement de personnel. Pourtant, ces pratiques ne sont que la partie visible d’un système à l’image d’un iceberg.
Un héritage d’impunité
Au Gabon, la confusion entre ressources publiques et intérêts privés n’est pas un phénomène récent. Depuis les années Omar Bongo Ondimba, et même sous Léon M’ba, les caisses des entreprises publiques servaient de trésorerie officieuse pour les ambitions politiques. Des décennies plus tard, cette réalité reste inchangée. À chaque cycle électoral, les entreprises publiques sont mises à contribution, transformées en machines à financer des campagnes politiques, parfois sous le couvert de « partenariats stratégiques ».
Le retard dans la prise de sanctions dans l’affaire Gab’Oil témoigne de l’acceptation tacite de ces pratiques. Là où d’autres nations imposent des détentions préventives, le Gabon semble paralysé, normalisant ainsi les abus et confortant l’idée que les grands voleurs de la République devant l’Éternel sont au-dessus des lois.
Réformes ou cosmétiques ?
La suspension des dirigeants de Gab’Oil pourrait être interprétée comme un premier pas vers une réforme structurelle. Mais pour que cet acte ne soit pas un écran de fumée, il est crucial d’instaurer une transparence totale dans la gestion des entreprises publiques. Cela nécessite la mise en place de mécanismes robustes d’audit, une justice indépendante et la responsabilisation effective des gestionnaires publics.
En outre, cette affaire met en lumière la nécessité d’une rupture définitive avec l’héritage d’impunité. Il ne suffit pas de sanctionner les figures emblématiques lorsque le système qui permet ces abus reste intact.
N’eût été le courage des lanceurs d’alerte, des petites mains, des commis de l’État anonymes, prêts à perdre leurs emplois, parfois au péril de leur vie, ce scandale n’aurait jamais été rendu public. Landry Bongo Ondimba et François Owono Messie seraient encore en train de se la couler douce avec l’argent du contribuable. Maintenant, la justice fera-t-elle son travail ?