Cette enquête suscite des interrogations, notamment sur le timing, qui soulève des doutes concernant une possible instrumentalisation de la justice à des fins politiques.
En effet, le 8 janvier 2025, à Libreville, Onanga y’Obeghe a tenu une conférence de presse aux côtés de figures politiques telles que Pierre Claver Maganga Moussavou, ancien Vice-président de la République, le Pr. Albert Ondo Ossa, candidat à l’élection présidentielle de 2023, et Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre. Ensemble, ils ont appelé à une « transition démocratique véritable », tout en appelant Brice Clotaire Oligui Nguema à ne pas se présenter à la présidentielle post-transition, au risque de violer les engagements internationaux du Gabon, notamment la Charte africaine de la démocratie. « Toute tentative de candidature d’un militaire compromettrait la crédibilité du pays et pourrait entraîner des sanctions internationales », avaient-ils alerté.
Le fait que l’enquête soit ouverte juste après ses déclarations publiques alimentant les tensions avec le pouvoir en place pousse certains à se poser des questions. Est-ce une coïncidence de calendrier, ou la justice gabonaise est-elle utilisée pour freiner une voix dissidente ?
Un proche d’Onanga y’Obeghe a répondu qu’il « répondra à la convocation si toutefois elle lui parvienne », avant d’ajouter, « Si on estime que sa gestion a des pistes d’ombres, ça se saura ».
Cela n’est pas sans rappeler l’affaire Opiangah. L’acteur politique et homme d’affaires Hervé Patrick Opiangah, ancien proche de Brice Clotaire Oligui Nguema dans la foulée du coup d’État du 30 août 2023, a également eu des ennuis judiciaires après avoir appelé à voter contre le projet de nouvelle constitution lors du référendum du 16 novembre 2024. Hervé Patrick Opiangah, désormais en cavale, a d’abord été impliqué dans une affaire de mœurs avant de se retrouver accusé d’atteinte à la sûreté de l’État. Là encore, le timing de ses ennuis judiciaires a fait l’objet de spéculations, certains y voyant une tentative de dissuader l’opposition politique.
L’élément déclencheur de ces enquêtes semble bien être une volonté de lutter contre la corruption et de restaurer la confiance dans les institutions gabonaises, selon les autorités de la Transition. Toutefois, la rapidité et la concordance des événements soulèvent des questions sur l’indépendance de la justice et sur les risques d’instrumentalisation pour des objectifs politiques.