Cas d’Assala Energy et de la SNBG
Le Gabon a amorcé une transformation économique majeure en acquérant la Société nationale des bois du Gabon (SNBG) et Assala Energy. Cette initiative, s’inscrivant dans les efforts des autorités de la transition pour revitaliser l’économie nationale, est perçue comme un levier stratégique pour réduire le chômage des jeunes, un défi pressant auquel le pays est confronté.
Assala Energy : L’art de naviguer en pleine tempête pétrolière
Fondée en 2017, Assala Energy a succédé à Perenco au Gabon avec pour mission d’explorer et de produire du pétrole et du gaz. Malgré l’acquisition d’actifs pétroliers, la société a rencontré plusieurs défis, notamment la fluctuation des prix du pétrole, avec le prix du baril de Brent tombant à environ 20 $ en avril 2020. Elle a également dû faire face à des difficultés opérationnelles entraînant des coûts supplémentaires et des retards, dans un contexte économique déjà fragilisé par la pandémie de COVID-19, qui a réduit budgets et investissements dans le secteur.
SNBG : Ancien champion de la déforestation durable et de la gestion présumée éclairée
La SNBG, fondée dans les années 1960, est une entreprise gabonaise majeure dans la transformation du bois. Toutefois, elle traverse de grandes difficultés. Critiquée pour ses pratiques d’exploitation forestière non durable, contribuant à la déforestation et à la perte de biodiversité, elle est la cible de nombreuses critiques d’ONG et de gouvernements étrangers. La concurrence internationale, notamment asiatique, a également réduit sa part de marché en raison de prix plus compétitifs. Par ailleurs, des problèmes de gestion interne et de corruption continuent de nuire à son efficacité et à sa rentabilité. La SNBG a ainsi enregistré une baisse de revenus de plus de 30 % par rapport aux années précédentes.
Un impact économique significatif
La nationalisation d’Assala Energy a eu un impact économique notable, permettant à l’État de récupérer une part importante des revenus pétroliers, générant environ 1,8 milliard USD en 2022. Ces fonds ont été alloués à des projets d’infrastructures et de développement social, avec un budget de 500 millions USD annoncé en 2023.
Sur le plan de l’emploi, la nationalisation de la SNBG a permis de créer environ 1 500 postes et d’initier des programmes de formation, contribuant à une réduction de 2 % du taux de chômage, désormais à 9,5 %. En parallèle, des investissements ont été orientés vers des pratiques durables, notamment un ambitieux plan de reforestation de 10 millions d’arbres financé par les revenus de la SNBG.
Cependant, cette nationalisation a également réduit l’attractivité du Gabon pour les investisseurs étrangers. Les investissements directs étrangers ont chuté de 20 % en 2023, atteignant 1,2 milliard USD, en raison des incertitudes entourant cette politique, ce qui pourrait ralentir la croissance économique à long terme.
Entre redistribution des richesses et défis de gestion
La nationalisation vise à redistribuer les richesses, comme le montre le programme de transferts monétaires lancé par le gouvernement en 2023. Celui-ci a permis d’aider environ 100 000 ménages à faible revenu, pour un montant total de 50 millions USD, améliorant ainsi leur niveau de vie et réduisant la pauvreté.
Parallèlement, les revenus des entreprises nationalisées ont été investis dans les services publics, avec 200 millions USD alloués au secteur de la santé pour construire de nouveaux hôpitaux et rénover les infrastructures existantes. Cette initiative a entraîné une augmentation de 15 % des consultations médicales en 2024.
Cependant, ces avancées sont freinées par des risques de mauvaise gestion. Par exemple, la SNBG a subi des pertes de 10 millions USD en raison de dysfonctionnements internes et de corruption, ce qui soulève des inquiétudes sur la capacité de l’État à gérer ces entreprises efficacement.
En outre, la nationalisation pourrait freiner l’innovation, les entreprises publiques étant souvent moins agiles que leurs homologues privées. Avant sa nationalisation, Assala avait investi 50 millions USD dans des technologies avancées pour l’exploration pétrolière. La diminution de tels investissements pourrait compromettre la compétitivité du secteur à long terme.
La nationalisation, solution miracle pour une bonne gestion ?
En renforçant son contrôle sur des secteurs clés comme l’énergie et l’exploitation forestière, le Gabon espère non seulement créer des emplois, mais aussi stimuler les investissements locaux et améliorer la durabilité des ressources naturelles.
Cependant, une question persiste : cette stratégie garantira-t-elle une gestion efficace et une réelle amélioration des conditions de vie pour la population gabonaise ? L’avenir économique du pays repose sur la mise en œuvre réussie de ces initiatives et sur la capacité des autorités à assurer une gouvernance transparente et responsable.