Le président Omar Bongo est décédé officiellement le 8 juin 2009 à l’hôpital Quiron de Barcelone en Espagne à l’âge de 74 ans après plusieurs semaines d’hospitalisations au cours desquelles les médecins espagnols ont tenté en vain de l’arracher d’un cancer de la prostate.
A ses obsèques nationales qui se déroulent le 16 juin 2009 à Libreville au palais présidentiel où son cercueil est exposé dans une chapelle ardente, la communauté internationale se bouscule pour rendre un ultime hommage au doyen des chefs d’Etat africain. Certains sont venus en couple, le président camerounais Paul Biya avec sa première dame Chantal, le Congolais Joseph Kabila avec son épouse Olive, et le Sénégalais, Abdoulaye Wade, avec sa fille Syndiély. Tandis que d’autres ont fais le déplacement avec l’un de leurs prédécesseurs, le Malien, Amadou Toumani Touré, avec Alpha Oumar Konaré, le Béni nois,
Thomas Boni Yayi, avec Nicéphore Soglo, le Tchadien, Idriss Deby Itno avec Goukouni
Oueddei et Lol Mahamat Choa, le Français, Nicolas Sarkozy, avec Jacques Chirac.
Sont également présentes d’autres personnalités, le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, le secrétaire d’État à la Coopération, Alain Joyandet, les anciens ministres Michel Roussin, Jean-Louis Debré, Jacques Godfrain, Bruno Joubert, Robert Bourgi, Patrick Balkany, Loïk Le Floch-Prigent et l’ancien grand maître du Grand Orient de France, Alain Bauer.
Au cours de cette cérémonie d’hommage retransmise en direct sur les chaines de télévisions gabonaises, France24 et RFI-Afrique, on n’a aperçoit le président français Nicolas Sarkozy et son prédécesseur Jacques Chirac, les rivaux politiques jurés de l’Union pour le Mouvement Populaire, unis se recueillir devant le cercueil du président gabonais. Depuis que Sarkozy occupait l’Elysée, au détriment de Dominique de Villepin, le dauphin de Chirac à l’élection présidentielle de 2005, les deux hommes ne se parlaient plus guère, et s’affrontaient par lieutenant interposé dans la presse ou à l’intérieur des principaux organes de la Droite. Et la veille, il n’avait échappé à personne que les deux hommes avaient
embarqué dans des vols différents au prétexte d’un agenda incompatible, signe que la tension était encore vive entre Nicolas et Chirac.
Tandis que les deux rivaux politiques se recueillaient ensemble, comme s’ils avaient décidé un moment de faire la paix, loin des réalités de la real politique de Paris, les chefs d’Etat présents, ainsi que les observateurs et acteurs de la vie politique française, mesuraient à travers cette scène, la mesure de l’influence du pouvoir qu’Omar Bongo incarnait.
Figure paternelle de la Françafrique, doyen des Chefs d’Etat africain, acteur incontournable de la politique française, dont il avait accompagné tous les Chefs d’Etat de la Ve République, de Charles De Gaulle jusqu’à Nicolas Sarkozy. Même entre quatre planches, une ultime fois, son ombre planait sur la scène politique française et ses acteurs.
Alain Foccart, le chargé des Affaires Africaines du Général de Gaulle, et l’un des artisans de la Françafrique qui avait décelé en lui les qualités d’un homme de pouvoir pour le désigner comme successeur du premier président du Gabon, Léon M’ba, atteint d’un cancer de la prostate, ne s’était pas trompé sur l’animal politique qu’allait devenir Omar Bongo, quelques années plus tard, au Gabon et au-delà des ses frontières.