Un rejet aux allures de manipulation politique
Vendredi 21 mars, Jean-Rémy Yama a pris la parole dans une déclaration solennelle pour fustiger une décision qu’il juge injuste et arbitraire. “La Cour constitutionnelle vient de commettre un acte odieux d’une mesquinerie inqualifiable sur instruction du CTRI”, a-t-il déclaré, accusant le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) d’instrumentaliser les règles électorales pour l’écarter.
Le point de discorde repose sur une demande soudaine du ministère de l’Intérieur : la preuve de la nationalité gabonaise d’un grand-parent. Yama affirme avoir fourni tous les documents requis, y compris l’acte de naissance de sa mère, retrouvé après de longues recherches. Pourtant, la Cour constitutionnelle a maintenu son refus, créant ainsi un précédent inquiétant.
“Pourquoi avez-vous peur de moi ?”
Face à cette exclusion qu’il juge infondée, Jean-Rémy Yama interpelle directement le président de la Transition : “Pourquoi avez-vous peur de moi ? Dites aux Gabonais ce que vous voyez en moi qui vous fait si peur.”
Le leader du Parti national pour le travail et le progrès (PNTP) accuse le pouvoir en place d’avoir trahi les espoirs nés du coup d’État du 30 août 2023. Selon lui, la transition qui devait restaurer la démocratie s’oriente vers une gouvernance opaque et arbitraire. “Le CTRI institue la mascarade et la fourberie comme gouvernance des institutions qu’il était censé restaurer”, déplore-t-il.
Une élection sous tension
Cette exclusion soulève des interrogations sur la sincérité du processus électoral. Alors que le CTRI promettait des élections transparentes, l’éviction de Yama renforce les soupçons d’une manœuvre visant à éliminer une candidature dérangeante. L’administration électorale avait pourtant validé son dossier le 8 mars avant de subitement exiger des preuves supplémentaires.
“Le Gabon n’est pas un gâteau que les bâtisseurs de digues devront se partager”, prévient Yama, laissant entendre que la bataille politique est loin d’être terminée.
Vers une mobilisation populaire ?
Malgré cet obstacle, Jean-Rémy Yama refuse de se résigner. Il exhorte ses partisans à rester mobilisés et prévient que la lutte continue : “Les ténèbres ont gagné une bataille, mais pas la guerre. Restez mobilisés et répondez favorablement aux appels que je vous lancerai.”
Dans un climat politique tendu, cette affaire pourrait bien raviver les tensions et renforcer la contestation contre le pouvoir en place. À moins d’un mois de la présidentielle, le Gabon fait face à une question cruciale : la transition tiendra-t-elle sa promesse de renouveau démocratique ou s’inscrira-t-elle dans la continuité des pratiques contestées du passé ?