Une élection biaisée dès le départ
Dans son message à ses concitoyens, Boundzanga s’est dit profondément préoccupé par l’impact de la candidature du chef de l’État de la Transition sur la crédibilité du processus électoral. “Lui et moi ne pouvons nous affronter dans une élection libre, transparente et crédible”, a-t-il affirmé, soulignant le déséquilibre inhérent à une compétition où l’arbitre est aussi un concurrent.
Un parjure aux promesses de la Transition
Le professeur rappelle que, le 4 septembre 2023, le président de la Transition avait pris un engagement solennel : celui de remettre le pouvoir aux civils à travers une élection “libre, transparente et crédible”. En annonçant sa propre candidature, il aurait trahi cette promesse, rompant ainsi “le pacte de confiance scellé avec le peuple gabonais”.
Pour Boundzanga, en politique comme dans la culture bantoue, la parole donnée est sacrée. “Se renier ainsi, c’est commettre un parjure”, martèle-t-il. Cette décision met, selon lui, en péril le processus de retour à la démocratie.
Violation des textes fondateurs de la Transition
L’ancien candidat rappelle que la première Charte de la Transition interdisait formellement aux membres du gouvernement de se présenter à l’élection présidentielle devant marquer la fin du régime transitoire. De plus, la Charte africaine de la démocratie, à laquelle la Transition prétend adhérer, interdit aux auteurs de coups d’État de se porter candidats aux scrutins visant à restaurer l’ordre démocratique.
“Si ces engagements avaient été respectés, nous n’en serions pas là aujourd’hui”, déplore Boundzanga, soulignant l’incohérence des autorités de la Transition.
“Je refuse de valider une mascarade”
Pour le professeur, la présidentielle d’avril ne saurait être un simple exercice de validation d’un coup de force. “Après des décennies de luttes politiques, après qu’Omar Bongo a pris le pouvoir en 1968 et l’a transmis à sa famille, nous ne pouvons pas cautionner une nouvelle manipulation des institutions”, assène-t-il.
Boundzanga se montre intransigeant sur sa vision de la démocratie : “Le Gabon mérite mieux que des simulacres d’alternance. Je ne peux pas être complice d’un processus qui porte en lui les germes de la fraude et du délitement démocratique.”
Un message d’espoir à ses partisans
Dans son discours, il n’oublie pas ceux qui l’ont soutenu. “Je sais que cette décision est douloureuse pour vous, autant qu’elle l’est pour moi”, confesse-t-il. Il adresse une reconnaissance particulière à ses amis de Telema, leur assurant que le combat ne s’arrête pas là.
Par cette déclaration percutante, Noël Bertrand Boundzanga jette une lumière crue sur l’élection à venir et met en garde contre les dérives possibles. Son retrait ne manquera pas de nourrir les débats sur la sincérité du processus démocratique, alors que le pays s’apprête à écrire une nouvelle page de son histoire politique.