Le 13 avril, depuis le quartier général de la plateforme Le Rassemblement des Bâtisseurs qu’il avait lancée pour sa campagne, Brice Clotaire Oligui Nguema et son épouse Zita suivaient en direct l’annonce des résultats de l’élection présidentielle. En compagnie de plusieurs personnalités, dont le Premier ministre Raymond Ndong Sima en arrière-plan, des centaines de sympathisants écoutaient avec attention le ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, égrener les scores des huit candidats. L’annonce de la victoire d’Oligui Nguema avec 90,35% a déclenché une vague d’enthousiasme.
Dans la foulée de cette annonce, un moment a particulièrement marqué : Oligui Nguema, chrétien catholique, a instinctivement fléchi les genoux, esquissant un signe de croix, le regard tourné vers le ciel. Se relevant pour remercier l’assistance, il a été rapidement approché par son Premier ministre, Raymond Ndong Sima, qui lui a chuchoté à l’oreille de se tourner vers la Première dame. L’embrassade et l’échange de baisers qui ont suivi ont été immortalisés, faisant rapidement le tour des réseaux sociaux. Ce geste, loin d’être anodin, soulève une question : le succès d’Oligui Nguema est-il uniquement le sien ? La suggestion de Ndong Sima de remercier d’abord son épouse avant les sympathisants en dit long sur le rôle perçu de Zita durant cette campagne de deux semaines. Lui qui a été de tous les meetings sait l’apport de Zita à la victoire de son mari. Pour beaucoup de Gabonais, ce n’est pas seulement un projet politique qui a été plébiscité, mais un ticket, un couple, incarnant l’idéal gabonais. Et dans cette équation, Zita a joué un rôle prépondérant.
À elle seule, elle a semblé représenter la femme gabonaise moderne : intellectuelle, cultivée et pourtant soumise, prête à tout pour l’ascension de son époux. Effacée et discrète, elle a su être présente sans jamais enfreindre le protocole, sans jamais faire de l’ombre à l’équipe de campagne de son mari, arborant toujours un sourire qui lui a valu les éloges de nombreux internautes. « Elle a apporté une dimension humaine et rassurante à la candidature de son mari », analyse une de nos sources présentes au cœur du dispositif de la campagne du président-candidat, soulignant l’importance de cette image dans un contexte où les Gabonais recherchaient un couple présidentiel stable et uni.
« Elle a agi comme une véritable Première dame du président de la transition, sans jamais s’immiscer ouvertement dans les affaires de l’État ni alimenter les rumeurs de la presse. Durant les deux semaines de campagne, elle a été une femme de candidat totalement impliquée, faisant presque oublier l’ancienne Première dame, Edith Lucie Bongo, dont le souvenir au Palais Rénovation reste positif. », affirme notre source. Ses déplacements quotidiens sur le terrain, sa présence à chaque meeting, ont marqué les esprits. La seule fois où une certaine anxiété a pu transparaître à la télévision, c’est lors du passage d’Oligui Nguema sur le plateau de l’émission « 1 projet, 1 candidat ». Elle-même présente à ses côtés, au milieu des proches du candidat, partageait sans doute la tension de l’équipe de campagne, craignant une éventuel dérapage. Heureusement, il n’en fut rien. Elle est même devenue un argument de campagne, au point que le principal adversaire de son époux, l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze, s’est affiché avec son épouxe, durant les derniers de la campagne.
Rien ne prédestinait pourtant cette haute fonctionnaire de l’administration douanière du privé à une telle exposition publique. Née le 25 septembre 1978 à Libreville, titulaire d’un baccalauréat scientifique et d’une maîtrise en biologie végétale, Zita Oligui Nguema a poursuivi une carrière au sein de l’administration douanière, suivant les affectations de son époux. Lorsque ce dernier est éloigné du pouvoir par le régime déchu pour être affecté à l’ambassade de Dakar, elle le suivra.
Le jour du scrutin, le couple a commencé sa journée par une présence remarquée à la commémoration du 10e anniversaire de la disparition d’André Mba Obame à la cathédrale Sainte-Marie de Libreville. Après la messe, lors du cocktail, tandis qu’Oligui Nguema s’entretenait avec le prélat, Zita est restée souriante, disponible, échangeant avec les personnalités présentes. Au moment du départ, les nombreux messages qu’elle a reçus et ses réponses toujours affables ont confirmé l’image d’une femme accessible et appréciée.
Ainsi, au-delà du score historique, la victoire d’Oligui Nguema semble indissociable de la présence et de l’image projetée par Zita. Plus qu’une simple épouse de candidat, elle apparaît comme un atout majeur, ayant su conquérir une partie du cœur des électeurs et contribuant à forger ce ticket qui a finalement remporté l’adhésion, s’imposant comme une figure clé de cette nouvelle ère politique gabonaise.