Si les autorités de la Transition ont inscrit le respect du civisme au centre de leur politique de réhabilitation des symboles de la République en rendant désormais obligatoire la participation à la cérémonie de la levée du drapeau et à chanter l’hymne national dans les établissements scolaires et les administrations publiques, involontairement elles ont lancé un débat sur la paternité de La Concorde, soixante après sa composition et son adoption comme hymne national du Gabon.
Les tenants de la thèse attribuant La Concorde à Evariste Etoughe Zomo affirment que ce dernier, instituteur en poste à Mitzic, aurait composé l’hymne national en participant à un concours national organisé par les autorités de l’époque. Georges Damas Aleka alors haut cadre de l’administration serait tombé sur le charme de la Concorde et décide de la composer. C’est ainsi que La Concorde sera retenue comme l’hymne national du Gabon. Toujours selon les tenants de cette théorie, dans les tous premiers livres pour élève de l’époque appelés « Précis », on pouvait lire auteur Evariste Etoughe et compositeur Georges Damas Aleka. Mais avec le temps son nom aurait été retiré au profit de celui de Georges Damas Aleka comme auteur-compositeur.
Une théorie qui a soulevé l’ire des défenseurs de la thèse officielle, qui accusent les tenants de la thèse de Evariste Etoughe Zomo de pas disposer de preuve pour défendre leur théorie. Certains débats tournant même au tribalisme sur les réseaux sociaux. Une situation qui a fait réagir les héritiers de Georges Damas Aleka qui ont marqué leur indignation dans un communiqué le 21 novembre dernier : « La famille Damas Aleka s’insurge contre toute campagne mensongère qui n’a d’autre objectif que celui de semer le trouble dans l’esprit des gabonais et salir la mémoire de feu Georges Damas Aleka » peut-on lire dans ce document. Avant de mettre en garde les auteurs de ces allégations : « la famille se réserve le droit de poursuivre les auteurs de ces allégations pour diffamation et atteinte à l’honneur » préviennent-ils.
Plus de soixante après son adoption comme hymne national, exceptées les discussions stériles, le débat sur la paternité de La Concorde a au moins le mérite de mesurer la méfiance de l’opinion à l’égard de l’histoire de notre pays qui a été en grande partie travestie par le régime des Bongo, voire de Léon Mba et de permettre à nos historiens dans une démarche scientifique de réhabiliter notre passé. C’est aussi cela la restauration.