Près d’un an après le coup d’Etat du 30 août, Jeune Afrique révèle un pan du voile sur les coulisses de la fraude électorale qui aurait dû conduire à la victoire du président sortant Ali Bongo, face à la coalition de l’opposition derrière la candidature d’Albert Ondo Ossa, portée par la plateforme Alternance 2023.
A la manœuvre, un cercle restreint dont la plupart des membres sont aujourd’hui en prison, à l’exception de l’ancien directeur de cabinet de la présidence de la République, Théophile Ogandaga, Alex Bernard Bongo, Yann Koubdje nommé conseiller spécial chargé de missions du président de la transition, Steeve Nzegho Dieko en résidence surveillée, et Jessye Ella Ekogha, discrètement exfiltré en France après une brève incarcération. Noureddin Bongo Valentin, Ian Ghislain Ngoulou, le directeur de cabinet du chef de l’État au PDG Cyriaque Mvourandjiami, Mohamed Ali Saliou et son frère Abdoul Oceni Ossa, sont incarcérés à la prison centrale de Libreville, en attendant un procès notamment pour falsification de la signature du président de la République, entres autres. Des « réunions en petit comité et à huis clos » se tenaient pour mener la campagne d’Ali Bongo dans « des villas louées spécifiquement pour la campagne, dans les quartiers de La Sablière ou de Batterie IV », en présence du général Brice Clotaire Oligui Nguema, croit savoir Jeune Afrique.
Deux entreprises françaises, une spécialisée dans la communication de crise, et la société Whispeak comptant parmi les leaders dans la solution d’authentification biométrique vocale, seront sollicitées pour « analyser » et « rendre intelligible » un audio enregistré « à l’insu » des opposants, Albert Ondo Ossa et Alexandre Barro Chambrier, « par un journaliste travaillant pour l’Agence France-Presse (AFP) », lâché dans la presse, et dans lequel, ils font allusion au soutien de la Guinée équatoriale et du Congo Brazzaville, en cas d’annonce de la victoire du président sortant, pour diviser l’opposition fait mouche.
Dans la foulée de la mise en place du couvre-feu, de la coupure d’internet, alors que sans attendre les résultats du Centre gabonais des élection, Albert Ondo Ossa annonce sa victoire, « Noureddin Bongo Valentin et ses proches ne restent pas inactifs. En secret, ils tentent ainsi de négocier avec l’opposition pour éviter une crise post-électorale similaire à 2016. » Ces derniers, sous pression, tentent de corrompre Albert Ondo Ossa.
« Une première rencontre a lieu aux alentours du 28 août entre Ian Ghislain Ngoulou et Albert Ondo Ossa, à Libreville, chez un parent de ce dernier qui joue les intermédiaires. Une importante somme d’argent est proposée au candidat. En échange, celui-ci doit accepter de lire publiquement un discours déjà rédigé et reconnaissant la victoire d’Ali Bongo Ondimba. », Ce sera la première et la dernière. La seconde rencontre programmée, pour lui laisser un temps de réflexion n’aura jamais lieu.
Pour taire toute contestation de la victoire d’Ali Bongo par l’opposition, des fortes sommes d’argents avaient préalablement étaient stockées, « De source proche de la famille Bongo Ondimba, la somme proposée aurait dû être issue des mallettes de billets finalement retrouvées chez Ian Ghislain Ngoulou et d’autres membres de la young team au lendemain du putsch. »
Deux jours plus tard, après la rencontre avec Albert Ondo Ossa, Noureddin Bongo Valentin et sa team étaient aux arrêts dans la foulée du coup d’Etat.