En cause, une sous-évaluation des dépenses publiques sous le régime de l’ancien président de la République Ali Bongo, une politique budgétaire expansionniste du nouveau gouvernement de transition et d’importantes pressions sur les liquidités attendues en 2025 dans un contexte d’options de financement limitées.
L’agence de notation Fitch Rating explique cette dégradation en raison de plusieurs facteurs. Premièrement, les récentes révisions statistiques ont révélé une sous-estimation importante des dépenses publiques avant le coup d’Etat du 30 août dernier, et, par conséquent, la dette publique pour 2023 est maintenant estimée à 70,4 % du PIB, contre le chiffre précédent de 56,0 % du PIB.
Ensuite, la politique budgétaire expansionniste des autorités de la transition est un autre facteur qui participe à cette situation. « les projets visant à accroître le recrutement dans le secteur public, à apurer les arriérés de pensions et à ajouter de nouvelles exonérations fiscales, sans plan d’ajustement budgétaire concret », explique Fitch. Par conséquent, l’agence de notation s’attend à ce que le déficit budgétaire se creuse à 3,9 % du PIB en 2024, 5,3 % du PIB en 2025 et 5,8 % du PIB en 2026.
Les niveaux révisés de la dette publique et les besoins de financement supplémentaires vont exacerber les pressions sur les liquidités compte tenu des options de financement fortement limitées, estime l’agence. Cette dernière souligne que le Gabon aura des besoins de financement importants en 2025 et 2026, s’élevant en moyenne à 13,2 % du PIB. Cela, sera combiné au fait que les « perspectives d’une opération de refinancement sont encore incertaines », augmentant les risques liés à la capacité du Gabon à rembourser ses dettes.
Après l’annonce de la suspension par le Fonds monétaire internationale de la troisième revue du Gabon en novembre dernier et qui avait conduit à un démenti des autorités gabonaises, puis la suspension par la Banque mondiale de ses décaissements en raison d’impayés en juillet, le rapport de Fitch sonne comme un désaveu de la gouvernance économique des autorités de la transition.
Alors qu’il devient évident que BCON se présente à la présidentielle et remporte les élections, il est peu probable qu’il mette en œuvre des mesures de consolidation budgétaire avant la fin de la transition.