Depuis le 20 novembre, des réunions successives réunissent les principaux acteurs du dossier : Arnaud Engandji, Conseiller Spécial à la Présidence, la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG), le Ministère de l’Énergie, la Société du Patrimoine, la Task Force et Karpowership. L’objectif ? Évaluer les implications techniques et juridiques des travaux en cours sur le site KPS d’Owendo.
Lors de cette réunion, il a clairement été demandé à KPS si la poursuite de leur branchement et des tests activait le contrat et le rendait irréversible, ce à quoi KPS a répondu par la négative. C’est alors qu’a été envoyé le courrier du Ministère de l’Énergie, notifiant la suspension des travaux à KPS le vendredi 22 novembre.
L’intervention diplomatique de la Turquie
Suite à l’annonce de la suspension du contrat liant KPS et la SEEG, l’ambassadeur de Turquie au Gabon, Can Incesu, a haussé le ton. Lors d’une rencontre au Palais présidentiel le 26 novembre, il a exprimé son profond mécontentement à l’égard de la gestion du dossier, en s’en prenant ouvertement Arnaud Engandji. Mettant en garde contre de potentielles répercussions diplomatiques, il a réitéré l’importance de respecter les engagements pris avec le KPS.
Une réunion tendue à la Présidence
Le lendemain, une nouvelle réunion s’est tenue à la Présidence avec les mêmes parties impliquées, auxquelles s’est ajouté le Conseiller Spécial Lebama, chargé des questions juridiques. Les échanges ont été vifs, KPS réaffirmant avoir respecté ses obligations contractuelles.
Le résultat est simple : en l’état, il y a trois bateaux pour une disponibilité de 70 MW. KPS estime avoir honoré ses engagements contractuels et affirme que la facture de quasiment 2 milliards de FCFA par mois commence à courir dès décembre 2024.
Une technologie controversée
Un problème persiste cependant : dans cette phase initiale dite transitoire, la technologie utilisée repose sur du fioul lourd dont l’approvisionnement est à la charge de la SEEG. Or, ce combustible n’a pas été commandé. Ainsi, la facture de près de 3 millions de dollars mensuels servira uniquement à louer les bateaux, sans fournir le moindre courant pour le moment. KPS soutient néanmoins qu’il est dans son droit le plus strict.
KPS estime par ailleurs offrir une technologie supérieure à celle d’AGGREKO, ce qui, selon elle, justifierait son remplacement par le Gabon. L’entreprise turque ne comprend pas pourquoi le Gabon continue de s’opposer à cette solution.
Un silence inquiétant
Le silence du ministère de l’Énergie reste néanmoins préoccupant. Bien qu’il soit censé être l’autorité compétente en la matière, aucune déclaration claire n’a été faite. Cette situation laisse penser que le Gabon pourrait être engagé dans un contrat dont il ne pourra se retirer qu’au prix d’énormes pénalités, pouvant aller jusqu’à la saisie des actifs de la SEEG. De plus, la facturation débutera dès le mois prochain, avec un coût de près de 3 millions de dollars, sans fournir la moindre électricité.