Cette prise de position publique de magistrats a suscité une forte réaction du Synamag, qui n’a pas hésité à qualifier ce comportement d’indécent au regard des principes républicains. Le syndicat a rappelé avec fermeté l’impératif de neutralité qui incombe aux magistrats, soulignant que celui-ci est incompatible avec un engagement partisan actif ou toute autre manifestation publique à caractère politique.
Le président du Synamag, Landry Abaga Essono, a insisté sur le caractère strictement interdit de toute démonstration politique qui contreviendrait à la réserve exigée par leurs fonctions. Il a rappelé que l’article 17 du statut des magistrats est sans équivoque : toute participation à des réunions ou manifestations politiques leur est formellement proscrite. La seule exception admise concerne les magistrats qui se déclareraient candidats et obtiendraient une dérogation à cette règle.
Le Synamag met en garde contre la confusion entre le rôle de “magistrat candidat” et celui de “magistrat militant”, insistant sur le fait que la justice ne doit en aucun cas servir de tremplin à des ambitions partisanes. La neutralité des magistrats est présentée comme une condition essentielle à la crédibilité de l’institution judiciaire. En s’affichant ouvertement aux côtés de candidats, ces magistrats risquent de compromettre l’image de l’ensemble de la magistrature.
La question se pose désormais de savoir si le Conseil de discipline du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) emboîtera le pas au Synamag face à ces dénonciations. Le CSM, dont la présidence est assurée par Brice Clotaire Oligui Nguema, pourrait être confronté à un défi délicat. En effet, les magistrats pointés du doigt seraient principalement ceux qui soutiennent activement la candidature de l’actuel président à travers des causeries et des meetings.
Dans ce contexte, une interrogation légitime émerge quant à la probabilité de voir ces juges sanctionnés si Brice Clotaire Oligui Nguema est élu le 12 avril prochain. L’histoire récente offre un éclairage sur la question : en juillet 2024, Linda Bongo, la sœur du président déchu Ali Bongo, avait été sanctionnée par le Conseil de discipline de la magistrature pour son activisme politique lors de la présidentielle d’août 2023, où elle avait ouvertement soutenu son frère. Cette précédente sanction pourrait laisser entrevoir une volonté du CSM de faire respecter les règles, même si le contexte politique actuel soulève des interrogations quant à l’impartialité des éventuelles sanctions.