Quel est le point commun entre Oligui Nguema et son homologue ougandais, Yoweri Museveni, à qui le chef de fil du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) a exposé l’évolution de la situation politique au Gabon, depuis qu’il a pris le pouvoir, à la suite du coup d’Etat du 30 août 2023 ? Tous les deux ont accédés au pouvoir par la force du bout de canon, en renversant leur prédécesseur, l’un par une rébellion armée et l’autre par un coup d’Etat militaire.
Yoweri Museveni au pouvoir depuis 38 ans, est parvenu à remporter des élections présidentielles et à convertir son groupe armée, le NRM (majoritaire au parlement avec (336/529), en un puissant mouvement politique et en plaçant ses anciens frères d’armes au cœur du système socio-économique de son pays.
Accueilli à sa descente d’avion par le ministre des affaires étrangères, le général Jeje Odongo, le ministre de la défense et des anciens combattants, le député Jacob Oboth-Oboth, la ministre des terres, du logement et du développement urbain, le député Judith Nabakooba, le chef adjoint des forces de défense, le lieutenant-général Sam Okiding, Oligui Nguema a sans doute pris la mesure de l’implication de l’armée au sein de l’exécutif ougandais.
L’exemple du MNR va-t-il faire école au Gabon au sein du CTRI, surtout que le président de la transition ne cache plus sa volonté de se présenter à la future présidentielle, tandis que nombreux de ses frères d’armes nommés à des responsabilités au sein de la transition ne bouderaient pas au plaisir de troquer leur treillis pour désormais embrasser une carrière dans la politique ou dans le civil ?
A ce qui semble oui. Surtout à l’analyse de la teneur de l’entretien entre Oligui Nguema et Salim Saleh, le frère et conseillers pour les questions militaires du dirigeant Yoweri Museveni, qui a vanté la réussite de la reconversion du MNR en tant que parti politique et son implication au sein du parlement.
Qui de mieux que Salim Saleh qui a pris dès les premières heures de la rébellion le maquis pour aider son désormais président de frère à prendre le pouvoir pour retracer la mutation du NRM ? « Depuis l’époque des architectes de la révolution, nous avons veillé à ce que l’armée, puisse faire partie du parlement, pour qu’ils puissent être les oreilles de l’armée au sein du parlement », a déclaré Salim Saleh pour flatter la réussite du modèle ougandais au numéro un gabonais.
Visiblement admiratif des propos de son interlocuteur, Oligui Nguema a souhaité que les militaires au pouvoir depuis le 30 août dernier, suite au putsch, soient véritablement « au service des populations », afin que « l’armée entre dans l’accroissement des richesses, un peu comme le modèle que j’ai vu ici. », a-t-il déclaré.
Un des autres moments forts d’immersion a été également la visite du président de la transition du Complexe Industriel de Luwero, branche commerciale du ministère de la défense ougandaise. Un complexe spécialisé dans la réparation, l’entretien, la révision et la modernisation des hélicoptères ou encore la construction des véhicules blindés et des bateaux.
Oligui Nguema a-t-il lancé une commande auprès des autorités ougandaise pour équiper l’armée gabonaise ? Nous n’en savons rien. Mais une chose est certaine, l’immersion du président de la transition au cœur du NRM ne laissera pas indifférent le CTRI.