Au cœur de tout processus électoral démocratique réside un droit fondamental pour chaque candidat, qu’il aspire à la magistrature suprême, à un siège à l’Assemblée nationale ou qu’il se présente en indépendant : celui d’être représenté dans chaque bureau de vote. Ce représentant joue un rôle de vigie essentiel. Désigné pour réceptionner le procès-verbal officiel des résultats du dépouillement, il constitue une pierre angulaire de la transparence, offrant à chaque candidat l’opportunité de s’assurer du bon déroulement des opérations de vote et de l’exactitude des chiffres annoncés.
Cependant, une ombre plane sur cette garantie théorique. Une question lancinante met en lumière une fracture potentielle dans l’égalité des chances entre les prétendants à la présidence : un candidat indépendant, ou un parti politique aux ressources financières limitées, peut-il véritablement se permettre de déployer des observateurs dans les milliers de bureaux de vote disséminés à travers le vaste territoire gabonais et au-delà de ses frontières ?
La réalité est implacable : hormis les candidats bénéficiant de l’infrastructure logistique et du soutien financier d’une machine politique bien rodée, qui peut réellement assumer les coûts considérables liés à l’entretien de représentants dans chaque bureau de vote ? La réponse, malheureusement, semble évidente.
La conséquence directe de cette disparité est que les candidats indépendants et les formations politiques plus modestes risquent fort de se retrouver dans l’incapacité d’assurer une présence exhaustive sur l’ensemble du territoire. Or, sans représentant, comment obtenir le précieux procès-verbal ? Et en son absence, comment ces candidats peuvent-ils attester de la sincérité des résultats proclamés dans les bureaux où ils n’étaient pas représentés ?
C’est précisément là que le bât blesse. Dans de nombreuses localités, les candidats qui ne sont pas issus du pouvoir en place pourraient ne pas avoir les moyens d’envoyer des observateurs. Ils se retrouveraient ainsi privés de la possibilité de vérifier et, le cas échéant, de contester les chiffres officiels issus de ces urnes. Cette situation soulève de sérieuses interrogations quant à la transparence et à l’équité du processus électoral dans son ensemble, menaçant de fausser le jeu démocratique.
En l’absence d’une surveillance citoyenne et partisane à tous les niveaux, comment garantir que les résultats reflètent véritablement la volonté du peuple gabonais ? Cette question mérite d’être posée avec insistance, car elle touche à la crédibilité même de l’élection présidentielle à venir. Il est impératif que des solutions soient envisagées pour assurer une représentation équitable de tous les candidats dans les bureaux de vote, afin de garantir un scrutin transparent et dont les résultats seront incontestables.