Le week-end dernier, des formations influentes comme l’Union nationale de Paulette Missambo et le Rassemblement pour la Patrie et la Modernité d’Alexandre Barro Chambrier ont tenu des assemblées générales extraordinaires pour officialiser leur soutien à l’actuel chef de la transition. Cette vague de ralliements met en lumière une contradiction frappante : des partis politiques établis préfèrent se ranger derrière un indépendant plutôt que de présenter leur propre candidat.
Dans ce paysage politique en pleine recomposition, le Parti Démocratique Gabonais (PDG), autrefois hégémonique, est profondément divisé. La faction dirigée par Blaise Louembé semble prête à rejoindre Oligui Nguema, tandis que celle menée par Ali Akbar Onanga Y’Obegue, opposant farouche au pouvoir actuel et dont la candidature a été rejetée, demeure en retrait. Toutefois, son influence paraît limitée en raison d’un faible ancrage militant.
L’autre grande formation à résister à l’appel d’Oligui Nguema est le parti Réappropriation du Gabon, de son Indépendance pour sa Reconstruction (Réagir), notamment l’aile dirigée par Michel Ongoundou Loundah. Cependant, en attendant la décision de la Cour constitutionnelle suite au rejet de son dossier de candidature, sa participation à la présidentielle paraît incertaine. De plus, l’existence d’une autre faction dirigée par Persis Lionel Essono Ondo et François Ndong Obiang fragilise encore davantage cette formation.
Ce soutien massif des partis d’opposition à un candidat indépendant interroge : pourquoi, parmi les 110 partis officiellement reconnus, aucun n’a-t-il jugé pertinent de porter une candidature propre ? Avec une population de seulement deux millions d’habitants, cette absence d’alternative partisane laisse planer le doute sur la pertinence réelle de ces formations politiques. Cette élection semble ainsi se jouer principalement entre indépendants, accentuant l’impression d’un paysage politique en pleine mutation.
Parmi les rares challengers d’Oligui Nguema, Alain-Claude Bilie-By-Nze apparaît comme le principal adversaire pouvant proposer une alternative. Toutefois, sans un soutien partisan structuré, sa candidature pourrait avoir du mal à s’imposer face à la dynamique en faveur du chef de la transition.
Interrogé sur cette situation, Oligui Nguema a tenu à réaffirmer son indépendance : “Le Rassemblement des Bâtisseurs est un mouvement ad hoc que nous avons mis en place et après l’élection, chacun va rejoindre son parti ou son association. Je ne veux pas être tenu par un quelconque parti ou une quelconque association, je suis l’homme du peuple et l’homme de tous les Gabonais qui veulent voter pour moi.”
Cette déclaration souligne encore davantage l’ambiguïté du soutien des partis à sa candidature. Le Gabon est-il en train de revenir, de facto, à un système dominé par un seul homme, malgré l’existence d’une multitude de partis ? Réponse le 12 avril dans les urnes.